Comédienne passionnée et journaliste tout terrain, Pakisda Mariam Ouédraogo mène une carrière riche et inspirante, marquée par la résilience, la polyvalence et un amour profond pour les arts et la communication. Dans cet entretien, elle revient sur ses débuts, ses choix, ses défis et les valeurs qui guident son parcours. Une voix féminine forte, entre scène et micro, entre émotion et information.

Infos Culture Du Faso (ICF) : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Mariam Ouédraogo : Je suis Pakisda Mariam Ouédraogo, comédienne et journaliste.
ICF : Parlez-nous de vos débuts dans le monde du théâtre et du cinéma. Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir ces métiers, et comment votre parcours autodidacte a-t-il façonné votre approche artistique ?
Mariam Ouédraogo : J’ai commencé le théâtre entre 2000 et 2001. J’étais passionnée, mais je ne savais pas encore que je pouvais vraiment en faire un métier. Un jour, alors que j’aidais ma maman, j’ai été attirée par des acteurs qui jouaient une scène juste à côté. J’ai participé spontanément et j’ai été retenue pour cette même pièce. C’était avec la Compagnie Théâtrale Miroir, et ce fut mon baptême de feu. Par la suite, c’est véritablement avec la troupe Théâtre Le Progrès de David Zouli Ouédraogo que j’ai beaucoup appris, notamment grâce au théâtre-forum, qui a été très formateur.

ICF : Vous avez également collaboré avec Athéna Théâtre. Quelles expériences marquantes avez-vous vécues avec cette compagnie ?
Mariam Ouédraogo : Avec Athéna Théâtre, c’est un tout autre niveau d’exigence : les pièces durent souvent 1h30, ce qui demande une grande capacité de mémorisation et une forte aptitude à l’improvisation. Cela m’a énormément aidée à me professionnaliser davantage.
ICF : Parmi les rôles que vous avez joués dans vos films et séries, lequel vous a le plus marquée et pourquoi ?
Mariam Ouédraogo : Le rôle principal dans le film À qui le mari m’a profondément marquée. Ce film n’a malheureusement pas été projeté en salle, car le réalisateur a jugé que le son n’était pas bon. Il est finalement disponible sur les réseaux sociaux. C’était un rôle très émotionnel, qui m’a touchée personnellement.

ICF : Comment vous préparez-vous mentalement et émotionnellement pour un rôle ? Avez-vous une méthode particulière pour entrer dans la peau de vos personnages ?
Mariam Ouédraogo : Quand je reçois un texte, je prends le temps de m’imprégner du rôle. Je cherche à comprendre le personnage, à ressentir ce qu’il vit pour pouvoir mieux le transmettre.
ICF : Quelles différences trouvez-vous entre le jeu d’acteur sur scène et devant une caméra ? Dans quel domaine vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Mariam Ouédraogo : Le théâtre se joue en direct devant un grand public, sans possibilité de rattrapage. Le cinéma, lui, se joue devant quelques personnes et permet des reprises si nécessaire. Les deux ont leurs exigences, mais je me sens à l’aise dans chacun.

ICF : Qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans le journalisme en plus de votre carrière d’actrice ? Comment parvenez-vous à concilier ces deux activités ?
Mariam Ouédraogo : À la base, je voulais devenir avocate, mais l’environnement ne m’a pas facilité ce rêve. Je me suis alors tournée vers le journalisme, admirant des figures comme Vanessa Touré ou Benjamine Douanio. On a essayé de m’en dissuader, me parlant d’un milieu « dépravé », mais je n’ai pas lâché. J’ai suivi une formation intensive de trois mois, et à deux mois et demi, j’étais déjà sur le terrain. Heureusement, j’ai des supérieurs compréhensifs qui me laissent du temps pour les tournages. Je leur suis très reconnaissante.
ICF : Votre émission aborde les affaires des femmes. Quelles sont les thématiques principales que vous explorez et quel impact espérez-vous avoir sur votre public ?
Mariam Ouédraogo : Mon émission Pagb yèla met en lumière les femmes qui impactent, qu’elles soient connues ou non. On s’intéresse à leur manière de concilier vie de famille, travail et engagement social. L’objectif, c’est d’inspirer, de valoriser et de montrer que tout est possible.

ICF : Comment percevez-vous l’évolution du rôle des femmes dans le journalisme et l’animation au Burkina Faso, et quelles avancées souhaitez-vous voir dans ces secteurs ?
Mariam Ouédraogo : Aujourd’hui, on peut dire que les femmes occupent de plus en plus de place dans ces domaines. Mais il faut que cette passion du métier soit réelle. Malheureusement, certains stagiaires semblent plus attirés par l’apparence ou la visibilité que par le travail en profondeur. J’aimerais que les jeunes s’engagent sincèrement et se forment continuellement.
ICF : Quelle est, selon vous, la responsabilité des artistes et des journalistes vis-à-vis de la société, et comment cette responsabilité se manifeste a-t-elle dans votre travail ?
Mariam Ouédraogo : Je ne me prononce pas souvent sur cette question, car elle est délicate. Mais je crois fermement que les artistes et les journalistes doivent collaborer. Les artistes ont besoin des médias pour être visibles, et les journalistes trouvent aussi des contenus riches à travers les arts. C’est une relation mutuellement bénéfique.

ICF : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes et journalistes, particulièrement aux femmes, qui souhaitent percer dans ces secteurs ?
Mariam Ouédraogo : Je leur dirais de se former encore et toujours. On n’arrête jamais d’apprendre. Et surtout, d’être humbles. L’humilité ouvre beaucoup de portes.
ICF : Avez-vous un message particulier à transmettre à notre public ?
Mariam Ouédraogo : Merci à tous ceux qui nous soutiennent, qui croient en nous. Merci à mes supérieurs pour leur compréhension. Mais j’ajouterai que si nous avions plus de financements, nous pourrions aller encore plus loin dans nos projets.
Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO