L’artiste peintre Mariam Sougué a convié la presse, ses collègues, parents et amis à une exposition de ses œuvres d’art. C’était le vendredi 07 juin 2019 au siège de l’association des artistes professionnels du Burkina à Ouagadougou.
Cette rencontre qui coïncide avec la commémoration de la 18ème journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision, est un jour propice pour l’artiste. En effet, les œuvres de Mariam sont relatives à la pratique de l’excision qui a une peau dure au pays des hommes intègres, d’où « Ziguiri » comme titre de ses différentes œuvres.« Ziguiri » ou clitoris en français a été conçu depuis le 23 mai dans une résidence à Toudbwéogo, une banlieue de la capitale en complicité de plus de cents personnes dont des enfants, des femmes, des jeunes a-t-elle confié.
Le choix d’un tel titre et du marché n’est pas le fruit du hasard a-t-elle expliqué. Dans ce quartier, une quarantaine de filles avaient été excisées en octobre 2018 a-t-elle poursuivi et d’ajouter qu’elle s’était approchée de la population afin qu’elles puissent ensemble discuter de l’excision.
Le clitoris étant une partie très importante et nécessaire pour la femme, elle a utilisé sa signification en mooré pour choquer les gens et combattre ce fléau afin que ces derniers sachent qu’il occupe un rôle prépondérant dans la vie des femmes a-t-elle souligné. « Ziguiri signifie clitoris ; j’ai pris ce titre comme titre de ma résidence parce que mon combat, c’est la lutte contre l’excision. Le clitoris est très très important pour la femme donc c’est pour cela que j’ai pris ce titre un peu pour choquer les gens afin que s’ils écoutent, ils disent ah, ah c’est bien le clitoris, voilà et pour qu’ils se rappellent vraiment de son importance pour la femme ».
Mariam Sougué tout en réitérant que son objectif consistait à choquer la mentalité des uns et des autres afin d’éradiquer à jamais cette pratique ignoble qui n’honore pas les femmes, a pris la décision de faire des ateliers de peinture avec les enfants qui adorent peindre et n’hésitera pas à aller dans leurs écoles si toute fois elle arrivait à mobiliser des fonds afin de leur permettre de suivre gratuitement des cours de dessin qui coûtent très chers puisque beaucoup d’entre eux sont démunis.
Ce projet a-t-elle dit, qui a été réalisé avec le concours du bureau burkinabé du droit d’auteur (BBDA), ne prenait pas en compte la participation d’une tierce personne. C’est arrivé au site, que des enfants, femmes, hommes et plusieurs autres personnes se sont intéressés à la chose et comme elle n’avait pas pu leur résister, elle n’a pas trouvé d’inconvénients à ce qu’ils travaillent avec elle, ce qui l’a amené à mettre plus de moyens, a-t-elle précisé : « J’ai mobilisé les moyens pour travailler avec une centaine d’enfants pendant ces 15jours. C’était très intéressant et c’était les meilleurs moments même de la résidence.
Arrivée, bien que ces personnes n’aient jamais touché à la peinture, elles étaient très très contentes de le faire, de toucher à la peinture, je pense qu’un peu, un peu, il y’aura un changement de mentalité vis-à-vis de l’art, à partir de cette résidence, elles ont compris que ce n’était pas sorcier et que les artistes sont aussi intéressants que tout le monde ».
La résidence de création est un endroit choisi par l’artiste qui peut être chez lui, dans lequel il s’y réfugie pendant quelques temps afin de pouvoir créer tout en choisissant un thème pour les créations avant de montrer au public ce qu’il a eu à faire a-t-elle conclu et « c’est ce qui s’est passé aujourd’hui.
Mariam Sougué, en plus d’être artiste peintre, est aussi Adjointe des secrétaires au ministère de la fonction publique.
Téné Bénédicte OUEDRAOGO
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