Entre poésie engagée et platines enflammées, Otemptic, à l’état civil Adjaratou Kabré, trace son chemin dans l’univers du slam et du deejaying. À travers son album Acapella et son engagement pour l’autonomisation des jeunes filles, elle défie les préjugés et impose son style. Lors de cette interview qu’elle nous a accordé, la championne du slam et du deejaying nous confie ses passions, son engagement et ses perspectives.

Infos Culture Du Faso (ICF) : Présentez-vous à nos lecteurs, s’il vous plaît.
Otemptic : Je suis Adjaratou Kabré à l’état civil, mais mon nom de scène est Otemptic. Je suis une artiste slameuse burkinabè, DJ, et je suis titulaire d’un Master en Gestion des conflits et construction de la paix.
I.C.F : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a poussée à vous lancer dans le slam et l’animation musicale ?
Otemptic : J’ai commencé à m’intéresser au slam entre 2016 et 2017, lorsque j’étais encore au lycée. Mais ce n’est qu’en 2019 que j’ai fait mes premières scènes et mes premiers pas dans l’écriture. En 2022, j’ai commencé à m’intéresser aux platines et au deejaying. Tout est parti de la passion.
I.C.F : Comment avez-vous évolué en tant qu’artiste dans le slam ?
Otemptic : Je n’ai pas encore une très longue carrière, mais j’ai sorti mon premier album intitulé »acapella » le 28 juin 2024. Je suis en auto production sous la direction artistique de Rh moulaye de afrikanda.

I.C.F : Vous avez fondé l’association Deejay land pour promouvoir le deejaying au féminin. Qu’est-ce qui vous a motivée à créer cette association et quels sont ses objectifs principaux ?
Otemptic : DeeJayland est un canal d’expression pour les jeunes filles. L’objectif est de leur donner des opportunités et de les rendre autonomes à travers la musique et le deejaying.
I.C.F : Vous avez participé à plusieurs compétitions et festivals. Parmi vos nombreuses distinctions, laquelle a marqué un tournant dans votre carrière ?
Otemptic : Je dirais que je n’ai pas participé à beaucoup de compétitions. Mais tous les festivals auxquels j’ai pris part m’ont permis de grandir, d’apprendre et d’exporter mon art.
I.C.F : En tant que jeune artiste féminine, quels ont été les défis que vous avez dû relever dans l’industrie musicale et comment les avez-vous surmontés ?
Otemptic : Être une jeune femme artiste comporte son lot de défis. L’un des principaux obstacles que je rencontre, ce sont les préjugés liés au fait qu’une femme puisse être DJ. Ces stéréotypes sont véhiculés aussi bien par les hommes que par les femmes. Mon objectif est de briser ces préjugés, car ce métier n’est pas réservé à un genre en particulier. Il suffit d’être passionné.

I.C.F : Vous combinez slam et deejaying. Comment parvenez-vous à équilibrer ces deux facettes de votre carrière ?
Otemptic : Au début, j’avais du mal à concilier ces deux casquettes. Mais avec le temps et la passion, j’ai réalisé qu’ils étaient complémentaires. Aujourd’hui, je parviens à les gérer sans difficulté.
I.C.F : Le monde de la musique et du deejaying est souvent dominé par les hommes. Comment voyez-vous l’évolution de la place des femmes dans ce secteur au Burkina Faso ?
Otemptic : Tous les domaines sont majoritairement dominés par les hommes. Mais je constate que certaines femmes arrivent à se démarquer, et cela montre que nous sommes sur la bonne voie.
I.C.F : Quels sont les projets artistiques ou initiatives que vous aimeriez développer dans un futur proche ?
Otemptic : Pour le moment, je suis toujours dans la promotion de mon album. Je trouve qu’il n’a pas encore assez voyagé, et je souhaiterais qu’il atteigne un public plus large.

I.C.F : Parlez-nous de votre album Acapella.
Otemptic : Acapella signifie « parler ». La parole est ce qui nous différencie des animaux. À travers cet album, j’ai voulu lui rendre hommage.
Dans le titre Les Couleurs, je parle du civisme et du comportement que chaque citoyen devrait adopter pour construire un meilleur territoire.
La Colombe rend hommage à la femme, souvent marginalisée, et symbolisée ici par la colombe.
Plume Bête est un texte plus personnel, qui évoque une déception amoureuse. Je pense que beaucoup de personnes s’y reconnaîtront.
Cet album aborde des thématiques variées comme le patriotisme, l’émancipation et la liberté. Chacun peut s’y retrouver. Il comporte huit titres, chantés principalement en français, mais aussi en dioula. J’ai également collaboré avec une artiste gabonaise. Cet album a eu la chance de porter la marque d’autres pays africains. Après sa sortie, j’ai été invitée à plusieurs festivals, notamment à Paris et en Côte d’Ivoire.
I.C.F : En dehors de la musique, avez-vous d’autres passions ou engagements ?
Otemptic : Oui, en dehors de la musique, je suis très impliquée dans les questions liées à l’autonomisation des jeunes filles et à la promotion de l’égalité des genres. À travers mon association DeeJayland, je veux aider d’autres jeunes filles à se lancer dans le deejaying et à prendre confiance en elles. J’aime aussi la lecture et tout ce qui touche à la culture en général.
I.C.F : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes burkinabè ou africaines qui souhaitent suivre vos traces dans le monde du slam, du deejaying et de l’animation musicale ?
Otemptic : Je les exhorte à vivre pleinement leur passion. Il faut faire de sa vie une passion et de sa passion une vie. Ne jamais laisser les préjugés ou les obstacles freiner ses ambitions.

I.C.F : Un rêve que vous aimeriez voir se réaliser ?
Otemptic : J’aimerais voir plus de femmes DJ au Burkina Faso et en Afrique, qu’elles soient reconnues et respectées pour leur talent. J’aimerais aussi que mon album Acapella continue de voyager et touche encore plus de monde.
I.C.F : Avez-vous un mot de fin à partager avec nos lecteurs ?
Otemptic : Je remercie Infos Culture du Faso pour l’intérêt porté à ma personne. J’invite tout le monde à me soutenir et à m’apporter de la force. Suivez-moi sur mes réseaux sociaux pour découvrir mon univers et mon actualité musicale.
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Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO