Ce vendredi 03 septembre 2021, Infos Culture du Faso est allé à la rencontre du slameur Papsank le Parolier, celui dont le titre « Soutien aux FDS » lui a permis de se faire connaître du grand public. Papsank le Parolier, de son vrai nom Sankara Mohamed est un artiste slameur, formateur en poésie, animateur etc. Dans cet entretien, ce jeune et talentueux artiste nous raconte comment il est passé d’étudiant à slameur maître de cérémonie, animateur et dans l’auto formation, ses projets d’artiste chanteur et d’écrivain dans le slam et la poésie ainsi que son appréciation de la musique burkinabè aujourd’hui.
Infos Culture du Faso (ICF): D’ou vous vient votre nom d’artiste Papsank?
Papsank le Parolier (PP): Le nom Papsank le Parolier est né du fait que le « Pap » vient de Papou qui est un nom par lequel ma maman m’appellait et de « Sank » qui vient de Sankara. Le nom a été prononcé pour la première fois grâce à une amie du campus Zalissa Zongo. Comme les gens utilisaient Thom Sank pour Thomas Sankara elle a décidé de m’appeler Papsank. Mais avant ce nom les gens m’appelaient Papou comme nom de scène. Après, j’ai vu que Papsank combinait mes deux noms Papou et Sankara donc j’ai décidé de le prendre comme nom d’artiste.
ICF: Pourquoi le choix du slam comme genre d’expression artistique?
PP: Au tout début, j’écoutais beaucoup le groupe Yeleen et ensuite c’était Smarty. Il m’a fasciné par sa manière d’écrire et sa manière de chanter. C’est vrai qu’il faisait du rap classique mais moi dans ma chambre j’écrivais aussi mes textes sans savoir que j’allais devenir un artiste slameur. J’étais un peu mélancolique à l’adolescence donc j’écrivais quand même pour me soulager. Dans ma chambre toujours j’essayais de lire à haute voix mais pas dans l’intention de slamer.
J’ai connu le slam grâce à un grand frère de quartier qui s’appelle Mack la gâchette. Lui, il était dans le domaine et à chaque fois qu’il partait dans les prestations, je le suivais toujours. Il m’a vraiment fasciné par sa manière de faire. En ce moment, je n’avais toujours pas l’intention de faire le slam. C’est arrivé au campus en 2015. Une fois, on est venu annoncer la formation de talent campus, une compétition inter universitaire qui regroupait de multiples discipline et il y avait le slam. Je me suis inscrit pour faire le slam. Quand j’ai dit à des amis que je vais faire le slam certains se moquait se moi. Ils se demandaient comment, je pouvais faire du slam alors que je ne l’avais jamais fait auparavant. Ils avaient quelque part raison puisque j’étais introverti. Je me suis donc inscrit et Dieu faisant bien les choses je suis sorti vainqueur de cette compétition. C’est là, j’ai su que j’avais un don et un talent et que je devais travailler pour améliorer ce talent maintenant. Malheureusement, je n’ai pas pu prendre part à d’autre compétition puisque après cette compétition j’ai été intégré en même temps dans d’autres compétitions comme membres de jury. A partir de ce moment, j’ai cherché à avoir un niveau meilleur et c’est ainsi que j’ai commencé à faire les recherches sur tout ce qui concerne le slam et la poésie. Je peux donc dire que je suis un autodidacte. Je n’ai jamais suivi un atelier de slam ni une formation sur la poésie. J’ai fait mes recherches pour se construire et aujourd’hui je forme des gens qui sont également dans le domaine. C’est ainsi que je me suis retrouvé accidentellement mais naturellement dans le slam et la poésie.
ICF: Le groupe Yeleen vous a inspiré. Quel commentaire faites-vous du fait que le groupe n’existe plus aujourd’hui alors que vous êtes devenu artiste?
PP: Objectivement, je n’ai pas pu digérer la dislocation du groupe. Ça m’a beaucoup fait mal et ça m’a beaucoup touché. Mais je pense qu’arrivé à un certain moment les artistes peuvent se donner des congés pour essayer de s’envoler de leur propre ailes. Et même si nous prenons le cas de Smarty, on peut dire qu’il s’est mieux envolé en ce sens qu’il a remporté le prix découverte RFI et aujourd’hui il est sur son nouvel album » Odyssée » qui va beaucoup porter fruit. Souvent la dislocation des groupes fait mal aux fans mais en ce qui me concerne je pense que ça peut être bénéfique pour les carrières solo.
ICF: Papsank le Parolier a combien de titre à son actif ?
PP: Pour le moment, j’ai trois titres à mon actif et à peu près une centaine de poèmes. Mon titre phare c’est »Soutien aux FDS ». Quand j’ai lancé ce titre il y a des chaînes de télévision qui ont téléchargé pour faire passer à la télé. Malgré que c’était en audio ça passait à la télé donc j’ai eu de la chance avec ce titre qui rend hommage aux FDS.
ICF: Vous avez parlé d’une centaine de poèmes, devons-nous comprendre que mis à part la musique vous avez des ambitions d’écrivain poète?
PP: Oui j’ai cette ambition de faire des recueilles de poèmes et je suis la dessus. J’ose espérer que dans quelques mois ou dans un an je pourrais le faire.
ICF: D’où tirez-vous l’inspiration dans la rédaction de vos textes et quels sont les thématiques que vous abordez?
PP: Dans le vie pour que les autres t’écoutent, il faut aussi écouter les autres et vice versa. C’est pour dire que j’ai beaucoup appris en écoutant aussi les autres. C’est dans mes recherches que je suis tombé sur le poète franco-senegalais Souleymane Diamanka qui m’a beaucoup fasciné. C’est le poète que j’ai beaucoup lu et suivi et à travers lui j’ai appris beaucoup de choses pour enrichir mon expérience. Disons que c’est cela aussi le slam. Tu ne peux pas te limiter a toi seulement mais aussi il faut aller puiser chez l’autre aussi pour pouvoir t’ameliorer et c’est ce que j’ai fait. Au début quand je declamais il y en a qui disaient que j’imitais Smarty. Cela était dû peut être au fait que je l’avais trop écouté. Avec mes recherches j’ai pu m’imposer un rythme et aujourd’hui je peux m’estimer heureux d’avoir mon propre style de slam. J’ai une voix grave, j’ai une voix médium, j’ai une voix mélancolique et j’adopte facilement chacune de ces trois voix qui constituent mon style.
En ce qui concerne les thèmes abordés disons que je dénonce les faits de sociétés. Aussi je suis un Parolier et j’aime apporter la joie aux gens. Je peux dire que la plupart de mes textes sensibilisent et conseillent les gens.
ICF: Est-ce que vous collaborez avec d’autres artistes en général ou des slameurs en particulier ?
PP: Ici presque tous les artistes se connaissent et se côtoient. C’est un domaine qui est très ouvert. Lors des festivals et des prestations on se rencontre et on devient comme des amis. C’est un domaine qui n’est pas fermé et tout le monde tend la main à l’autre. J’ai un ami slameur à qui je tire mon chapeau et son nom c’est Accent Grave. C’est un jeune qui se bat et qui est ouvert à tous les autres comme nous tous et je l’apprécie beaucoup.
ICF: Comment arrivez-vous à concilier vos études et votre carrière et les études?
PP: Effectivement les deux demandent beaucoup de temps. Je faisais les sciences biologiques au campus et j’ai arrêté après mon DEUG pour me concentrer pleinement dans l’art. Disons quactuellement je suis entièrement dans ma vie d’artiste.
ICF: Rencontrez-vous des difficultés dans votre jeune carrière? Si oui lesquelles?
PP: Comme tout artiste, les difficultés, ça ne manque pas. Il faut d’abord des moyens financiers pour pouvoir donner la vraie valeur à l’art que nous faisons, et l’autre soucis c’est la promotion pour se faire connaître du grand public. La plus grande difficulté pour un artiste c’est de pouvoir nourrir son art. Lorsqu’un artiste n’arrive pas à nourrir son art c’est difficile voire impossible que son art puisse le nourrir. Pour le moment les difficultés que nous rencontrons est de pouvoir nourrir notre art comme il se doit. Côté ministère je pense que ce n’est pas assez fait. 50% des artistes sont dans l’auto production c’est-à-dire qu’ils font avec leur propre moyen de bord. Les gens déposent les dossiers de demande de soutien mais dans la majorité des cas c’est sans suite.
ICF: Dites-nous est-ce que vous avez un projet d’album en vue ou bien quels sont vos projets futurs?
PP: Je suis sur un album de neuf titres qui verra le jour très bientôt. C’est un album dans lequel je ferai quelque featuring avec quelque stars emblématique de la musique pour donner un peu de couleur et de valeur à ce album la. Il y a aussi mon projet de recueil de poèmes dont j’ai parlé plus haut qui verra le jour l’année prochaine.
ICF: Quel commentaire faites-vous du showbiz burkinabè en général et de bobo en particulier ?
PP: Dans l’ensemble, je dirai que la musique burkinabè commencent à être comsommée et c’est à féliciter. Le plus important c’est lorsque la population consomme sa propre musique parce que c’est ce qui permet à cette musique d’avoir plus de valeur. Cet aspect est très important parce que quand on regard dans le retroviseur ne serait-ce que cinq ans en arrière, les gens ne s’intéressaient pas trop à notre musique. Lorsque les artistes faisaient les concerts dans le passé les gens ne partaient pas et il n’y avait pas d’engouement. Actuellement il y a des artistes qui font le plein du stade Wobi comme Faïty et autres donc on peut dire quaujourd’hui la musique burkinabè commence à prendre de l’ampleur.
ICF: Qu’avez-vous à ajouter pour clore cet entretien.
PP: Je voudrais vous remercier pour cette interview. Je remercie aussi le Directeur de publication, Parfait Fabrice Sawadogo pour m’avoir accordé cette occasion de m’exprimer. C’est vraiment tout un honneur pour moi. Mes remerciements aussi à Issa Sanou, artiste Chorégraphe et directeur artistique de VAPAJ ( Vaccances artistiques professionnelles pour ados et jeunes). Je remercie également tous ces gens qui croient en nous, qui nous accompagnent et qui pensent que nous pouvons réussir dans ce domaine. Je remercie tous les fans de Papsank le Parolier qui m’ont soutenu depuis le début et qui continuent de me soutenir encore. Merci !
Jérôme SARAMBÉ (Stagiaire)