«Yakoilaba», c’est l’intitulé du spectacle de conte de Yacouba Belemou alias Opamin le général Otawtaw. Le présent spectacle s’est tenu au sein de la salle Koamba Lankoandé du CENASA ce samedi 4 février 2023.
Vecteur de transmission des valeurs endogènes, le conte est aujourd’hui incontournable, surtout dans une société en proie à de nombreux vices. L’urgence est donc de redorer le blason des sociétés africaines et ce, en ramenant cet art de la scène qu’est le conte vers le grand public. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le spectacle du conteur Opamin le général Otawtaw, baptisé «Yakoilaba». Un spectacle que le conteur a choisi de tenir en défiant dans la soirée de ce samedi 4 février 2023, la mythique salle Koamba Lankoandé du CENASA.
L
‘idée première, selon notre conteur, n’était pas forcément de faire le plein des 600 places que compte le CENASA. Il s’agissait, pour lui, de sortir le conte de sa zone de confort et le rapprocher au plus près du grand public. « Le conte constitue la première école africaine. C’est à travers lui qu’on éduquait, mais également qu’on arrivait à semer la cohésion sociale, la paix, le vivre-ensemble en inculquant aux populations les valeurs endogènes. Aujourd’hui, la perte de ces valeurs nous ont causé beaucoup de torts. C’est ce qui m’a valu de sortir le conte de nos endroits de diffusion habituels et le faire découvrir au grand public », a-t-il fait savoir.
Pour lui, «Yakoilaba» se veut un mélange de trois disciplines à savoir le conte, la musique et l’humour. Il se veut surtout une synthèse du parcours du conteur Opamin. Mais de façon substantielle, il s’agit d’un questionnement sur tous les maux qui minent les sociétés d’aujourd’hui. À l’en croire, le terme «Yakoilaba» est juste un alibi pour aborder ces questions. Il faut, dit-il, semer la graine du passé dans le ventre présent pour construire le futur. Et c’est ce que mon équipe et moi venons de faire ce soir, soutient-il.
Accompagné de cinq musiciens (pianiste, percussionnistes et guitaristes), Opamin est arrivé à emporter le public du CENASA. Des histoires contées en passant par la musique, le tout teinté d’humour, tout y était afin de faire découvrir au public une autre manière de faire le conte. Toute chose qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la marraine artistique/conte Mariam Koné, une figure bien connue dans le monde des arts de la scène et du cinéma. Pour elle, le public s’intéresse moins au conte comparativement aux autres disciplines comme la musique et l’humour.
« Il nous revient donc, en tant qu’acteur du conte, d’aller à la conquête du public. C’est pourquoi quand mon jeune frère m’a approché pour parler de ce projet, je n’ai pas hésité à lui apporter mon soutien. C’était un travail de recherches. Et comme il avait l’habitude de travailler avec la musicalité, cela lui a facilité la tâche. Cette première expérience visait d’abord à fidéliser les spectateurs. C’est donc un pari réussi. Je ne peux que remercier le public qui s’est déplacé, mais aussi au jeune frère Opamin pour avoir osé », s’est-elle réjouie.
Même son de cloche pour Ngonndingamlemgoto Alram Nguebnan, directeur de la Compagnie Théâtrale le Roseau. « Opamin Otawtaw fait partie de ces nombreux jeunes qui se sont très vite confiés à moi; des jeunes voués à l’art et soucieux de leurs racines, de leur culture. Et le voir produire un tel spectacle dans une telle salle ne peut que me réjouir. Dans le fond comme dans la forme, c’est un spectacle réussi, avec une fenêtre ouverte sur les problèmes qui minent les sociétés d’aujourd’hui. Je tiens donc à le féliciter pour ce travail qui va nécessairement ouvrir la voie à d’autres conteurs », a-t-il soutenu.
Pour rappel, le spectacle «Yakoilaba» a été mis en scène par le conteur Wilfried Ouédraogo.
Boukari OUEDRAOGO
