« Hèremakono » ou tout simplement « En attendant le bonheur » en Bamanan, (une des langues nationales du Mali), c’est le nom de l’exposition vernissage de Abou SIDIBÉ qui s’est tenu ce vendredi 04 novembre 2020 à l’Institut français de Ouagadougou. À travers son œuvre, l’artiste exprime une volonté d’exalter l’esprit de la matière, son travail se nourrit de ses racines africaines et de croyances universelles.
Né en 1977 à Abidjan où il suit des études aux Beaux Arts de Bingerville, Abou est venu à Ouagadougou y puiser d’autres sources d’inspiration. Accueilli par la Fondation Olorun, il a très vite délaissé son art trop académique pour plonger avec bonheur dans un univers plus inventif, plus osé. Sa démarche s’inscrit dans la recherche et l’installation permanente d’un équilibre, base fondamentale de l’épanouissement de l’humanité. L’équilibre n’est-il pas parfois relatif à la dimension spirituelle que chacun de nous projette sur son environnement professionnel, social et culturel ?
Même si ses sources d’inspiration demeurent très ancrées dans ses racines africaines, l’assemblage de matières qu’il organise autour de ces bois témoigne d’une réelle modernité. Clefs, chambres à air, clous et autres boîtes de conserve viennent traduire tous les contrastes d’une Afrique oscillant sans cesse entre tradition et modernité. Abou attaque le bois avec une réelle énergie démontrant sa détermination à vouloir s’imposer dans un art que son continent a su imposer à tous depuis bien longtemps.
La pratique de la sculpture en Afrique date d’une époque très ancienne. Les pièces sculptées n’étaient pas appréciées pour leurs esthétiques mais plutôt pour les fonctions qu’elles remplissaient. Les statuettes et masques étaient craints et respectés lorsqu’ils jouaient un rôle au sein de la communauté. Par exemple, la poupée ashanti, peuple du Ghana, est une statuette en bois considérée comme la déesse de la fertilité. Elle est utilisée lorsqu’une femme ne peut pas avoir d’enfant. Le devin du village demandait à cette dernière de porter au dos cette statuette pendant une période bien précise, afin de lui apporter le bonheur d’être mère.
Pour l’artiste Abou SIDIBÉ, cette création artistique exprime l’appel à la cohésion dans une Afrique et un monde qui se meurt. « Mon thème de prédilection, c’est l’utilisation de matériaux. Au delà du bois, il y a plusieurs autres objets; (les pierres le métal) qui viennent s’attacher et former un tout. Pour moi, c’est un appel à la cohésion », explique t’il. Selon le sculpteur, tous les pays du monde passent par des moments difficiles d’où le moment de se donner la main pour vaincre ces phénomènes.
Les participants à cette exposition disent apprécier cet amalgame d’objets divers pour exprimer quelque chose d’unique. Cette cérémonie de vernissage qui s’inscrit dans le cadre des activités de l’Institut français a connu la présence du délégué général du FESPACO Moussa Alex Sawadogo et de bien d’autres invités parents et amis de l’artiste.
Sidbéwendé ZONGO