Mettre de l’amour, l’energie et la passion dans tout ce qu’il nous tient le plus à cœur: c’est bien ce que fait Tipoko Zongo, dans sa jeune carrière de conteuse. Véritable amazone du conte burkinabé, elle donne tout ce qu’elle peut pour s’imposer dans ce domaine, beaucoup dominé par la gent masculine. Reçue dans nos locaux, elle s’est confiée sur ses débuts, son actualité ainsi que ses perspectives.
« Ma passion pour le conte date de depuis ma tendre enfance au village. Tous les soirs après les récoltes, nous avions pour habitude d’écouter les parents nous conter des histoires, généralement à la claire de lune. Par la suite, cette habitude est restée en moi et a développé une certaine passion ». C’est en ces mots que Tipoko Zongo, conteuse, artiste-musicienne et comédienne, s’est confiée sur la source de son amour pour le conte. C’est bien évidemment de là que nait sa volonté de devenir conteuse. Dans la foulée, après avoir obtenu un bac+2 en Secrétariat bureautique à l’Institut Supérieur des Métiers (ISM), elle entre à l’Institut supérieur Jean Pierre Guingané, une école de formation aux métiers des arts de la scène, en 2015. Armée de force, courage et abnégation, elle sort couronnée, trois ans après, d’une licence. Cette formation lui a permis de renforcer ses capacités en arts de la scene, mais surtout d’être aguerrie en conte.
« Durant tout ce temps, j’ai eu la chance de mettre en pratique tout ce que j’apprenais. Et il faut dire que j’ai pu prendre part, en tant que comédienne, à des spectacles avec de nombreuses troupes et compagnies. Spécifiquement, j’ai joué à l’espace Gambidi, notamment dans <<La fille de la honte>>, <<Tous contre tous>>, etc. Aussi, j’ai eu le privilège de jouer au Théâtre de l’Aube du célèbre comédien Chocho, au Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), au Théâtre du Cartel, et récemment à Grâce Théâtre. J’ai également pu prendre part à des spectacles à l’international, plus précisément en Côte d’Ivoire », a laissé entendre Tipoko Zongo.
Par ailleurs, elle a estimé être vraiment ravie de l’étape actuel de sa carrière, en ce sens que le public apprécie énormément ce qu’elle abat comme travail. Cependant, Tipoko comme on l’appelle, déplore le manque de moyens financiers pour parfaire sa jeune carrière. « J’ai déposé des demandes d’aide au ministère de la culture et dans d’autres structures garantes de financement, afin de relancer des spectacles de conte que j’ai eu à jouer, mais cela reste pour l’instant sans réponses favorables. Aussi, l’avènement de la covid-19, ne nous a pas été favorable en termes de tenue de spectacles », a-t-elle expliqué avant de soliciter la bonne volonté des institutions de financement ainsi que toutes personnes désireuses d’aider, à le faire. Car dit-elle, j’aime beaucoup mon métier, mais sans aide, je n’y parviendrai pas.
« Ce qui fait la particularité de mon conte, c’est un conte théâtralisé et surtout accompagné de chants. Juste dire qu’on y retrouve du mime et la pantomime, le tout accompagné de musique. C’est une manière pour moi de le rendre spécial et unique », a martelé Tipoko. D’ailleurs elle est en pleine préparation de son spectacle de conte <<La rivière sacrée>>, prévu pour se derouler le samedi 20 mars prochain dans les locaux de Grâce Théâtre, sis à la Cité an 3. Ainsi, elle s’est aussi exprimée en ces termes: « En gros, cela fait au moins trois (3) mois que je travaille sur ce spectacle. Et comme je l’avais déjà souligné, ce spectacle voit le jour grâce à un autofinancement. J’ai du faire d’énormes sacrifices pour le réalisé, mais encore faut-il dire que c’est toujours insuffisant. J’invite néanmoins, le public à se déplacer massivement le samedi, afin de m’encourager ».
À la suite de cet avant-première, Tipoko Zongo compte proposer le dit spectacle à la saison du Cartel et d’autres événements national et international. Rappelons qu’en tant qu’artiste-musicienne, elle prépare aussi actuellement la dédicace d’un album de sept (7) titres savamment orchestrés, intitulé <<la paix>>. C’est un album tradi-moderne qui traite de la cohésion sociale, facteur de paix, mais également de l’éducation des enfants.
Boukari OUEDRAOGO
Crédit photo: Parfait Fabrice SAWADOGO