jeu 21 novembre 2024

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Bobo-Dioulasso : ‘’C’est vraiment réjouissant de voir qu’aujourd’hui la musique burkinabè est écoutée hors de nos frontières’’, Afrikan’da, groupe musical de slam burkinabè

Issus du Collectif des artistes slameurs de Bobo-Dioulasso des années 2009, dénommé Sindy Slam, trois jeunes s’unissent pour créer le groupe Afrikan’da en 2012. Un mythique groupe dont le talent à travers l’art de la parole va traverser les frontières. RH (Moulaye Rachid Teffian), Boni Lanky (Benjamin Ésaïe Tétémi Boni), Booder (Sah Aboubakar Traoré) et leur instrumentiste Moustapha Sissoko, tels sont les membres qui composent ce groupe. Dans la journée du vendredi 13 aout 2021, à Bobo-Dioulasso, ils ont bien voulu nous accorder une interview. Le mode de fonctionnement du groupe ainsi que leurs projets futurs ont été les éléments clés de cet entretien.

ICF : On peut savoir qui est Afrikan’da ?

Afrikan’da : Tout d’abord disons que Afrikan’da, c’est le premier groupe de slam de la ville de Bobo-Dioulasso. Avant cela, nous étions dans le rap. Mais il faut preciser que le collectif de 2009 était 100% slam, et par la suite le slam nous a choisis, mais on est toujours dans la culture urbaine. Afrikan’da c’est en deux mot, « Afri- » (Afrique) en français et  »Kan’da » en bambara, c’est-à-dire les voix africaines.  »Kan »c’est la voix et  »Da » c’est la bouche, donc ça se traduit tout simplement par les voix africaines. On est quatre dans le groupe dont trois slameurs et un instrumentiste qu’on ne voit pas beaucoup et qui ne fait pas beaucoup parler de lui ; mais disons qu’avec son instrument,il parle aussi.

ICF : Depuis combien de temps le groupe existe ?

Afrikan’da : Nous avons décidé de la création du groupe en 2012.

ICF : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Afrikan’da : La rencontre s’est faite de la façon la plus naturelle. Nous sommes des amis d’enfance; on a commencé par le rap, et c’est par la suite qu’on a eu la brillante idée de créer Afrikan’da et d’évoluer dans le slam.

ICF : Qui parmi vous a eu la merveilleuse idée de créer ce groupe ?

Afrikan’da : Comme je l’ai dit précédemment, c’est le slam qui nous a choisis et nous avons décidé tous les trois qu’il serait très judicieux de fonder le groupe.

ICF : Comment définissez-vous votre groupe et quels sont les thématiques que vous abordez dans vos chansons ?

Afrikan’da : Afrikan’da comme nous l’avons dit plus haut veut dire  »les voix africaines » et nous sommes comme une sorte de porte-parole des masses. Nous abordons divers thèmes comme la stabilité, la paix, le patriotisme, etc… Nous touchons tous les domaines dans nos chansons et l’objectif premier est la sensibilisation.

ICF : Parmi les groupes qui existent actuellement au Burkina, lequel préférez-vous ?

Afrikan’da : Nous apprécions tous ces groupes qui existent dans le pays. Et parlant de groupe, nous déplorons vraiment les séparations des grands groupes comme Faso Kombat, Yeleen, Cisby et Eldji. C’est vrai qu’il arrive souvent qu’il y ait des tiraillements quand on est en équipe, et nous avouons que c’est même souvent le cas chez nous aussi ; mais nous devons mettre toujours l’intérêt commun en avant pour avancer. Sinon nous les apprécions et écoutons également leur musique.

ICF : Pouvez-vous nous expliquer dans quel état êtes-vous quand vous êtes sur scène ?

Afrikan’da : Objectivement sur scène, nous nous amusons. Nous avons eu de la chance de commencer la musique par des prestations live lors des festivals avant d’entamer notre carrière musicale donc quand on est sur scène c’est comme si c’était un jeu. Nous nous sentons vraiment à l’aise.

ICF : À quel artiste vous identifiez-vous en tant qu’artiste individuellement ou en mode groupe ?

Afrikan’da : À cette question, nous dirons qu’il n’y a pas d’artiste qui nous inspire ou en qui nous nous identifions. Cependant, nous écoutons les productions des artistes comme Georges OUEDRAOGO, l’ex Yeleen… L’inspiration nous vient le plus souvent lors de nos causeries en groupe, les faits de société, les films… Par exemple le titre ‘’Reflet’’, nous l’avons composé à la suite du film documentaire ‘’Les Enfants soldats » en featuring avec Maï Lingani dans l’album  »Akilikan ».

ICF : En juillet passé, vous avez dévoilé le clip du titre très riche de sens  »Point de vue  » en featuring avec Smarty, dites-nous comment est venue l’idée de réaliser cette collaboration et comment a-t-elle été possible ?

Afrikan’da : Le featuring avec Smarty est arrivé si on peut le dire, accidentellement en ce sens que c’était pas prévu. Nous avons écrit le texte et nous nous sommes dit qu’il serait judicieux que nous le chantions avec Smarty. Nous l’avons appelé et il a demandé qu’on l’envoie le texte. Après lecture il a donné son accord et le projet a vu le jour. Notons que ce titre est le fruit de six ou voir sept mois de travail acharné. Nous avons tourné le clip à Bamako et à Ouaga pour ensuite terminer à Bobo.

ICF : Parlons de musique au Burkina, pensez-vous pouvoir feinter la tendance actuelle qui est sans frontière ?

Afrikan’da : À cette question, nous disons oui. Oui parce-que nous ne parlons pas de même style musical. Ils font un style qui est dansant, ils le font bien et c’est un plus pour la culture burkinabè et c’est à féliciter. Mais la musique n’est pas seulement faite de danse, il faut aussi sensibiliser et appeler à l’éveil des consciences ; et c’est ce que nous aussi nous faisons. Nous avons choisi d’évoluer dans le slam et sans être prétentieux nous le faisons aussi bien. Nous avons des talents de rappeur mais avons choisi de faire le slam. Et même dans notre album  » Akilikan », vous verrez qu’il y a aussi des titres dansants. Le plus important est que chacun continue de se battre pour permettre le rayonnement de la musique burkinabè.

ICF : Quelles sont vos aspirations futures ?

Afrikan’da : Disons que nous avons vraiment beaucoup de projets. En octobre et novembre prochains, nous irons successivement au Niger et au Mali dans le cadre d’un festival que nous avons initié avec le Centre Culturel Français, pour ensuite faire la clôture ici au Burkina. Nous préparons également une collaboration avec un artiste de la nouvelle tendance musicale dont vous avez fait cas et qu’on va taire le nom pour l’instant. Donc des projets, nous en avons beaucoup.

ICF : Quelle est votre composition fétiche qui a été la plus acclamée ?

Afrikan’da : À ce propos nous pensons que tout un chacun fait son appréciation en fonction des titres. Mais il y’a le titre éponyme  »Faiseurs d’histoire » du maxi sorti en 2017 que le public apprécie beaucoup peut-être parce-que vers la fin, le style est un peu dansant. En ce qui nous concerne, il y a ce titre qui rend hommage à un de nos amis au moment du collectif slam et qui malheureusement nous a quitté très tôt sans même pouvoir profiter des fruits du travail abattu. Ça nous a trop affectés et nous avons décidé de lui rendre hommage par nos voix.

ICF : Votre Label a été distingué  »Ambassadeur du slam » à Bamako en 2019, comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?

Afrikan’da : Vraiment cette distinction fut un grand honneur pour nous et on peut dire que c’est le fruit d’une longue période de travail acharné. Nous mettons du sérieux et de l’abnégation dans notre travail et ils nous ont distingués à juste titre.

ICF : Hors mis la musique, vous avez initié une journée de reboisement en collaboration avec le Mouvement pour la Protection de la Forêt de Kua le 15 août, qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Afrikan’da : RH comme moi avions déjà nos actions individuelles sur le reboisement. Lui à travers le reboisement inopiné et moi à chaque anniversaire. Nous sommes dans un pays sahélien et le désert approche à grand pas, donc avec les autres membres du groupe, nous avons eu l’idée cette année de faire quelque chose de grandiose d’où cette journée de reboisement.

ICF : Que déplorez-vous dans la culture burkinabè ?

Afrikan’da : C’est une très bonne question. Ce que nous déplorons, c’est le manque d’accompagnement des artistes que nous sommes par le ministère en charge de la culture.

ICF : Pensez-vous que le ministère de la culture burkinabè ne fait pas assez pour aider les artistes ?

Afrikan’da : Affirmatif ! Nous ne parlons pas au nom de tous les artistes burkinabè mais en ce qui nous concerne, le ministère de la culture n’a jamais apporté un soutien au groupe depuis sa création. Pourtant nous avons déposé dans le passé et à plusieurs reprises des demandes de soutien pour nos projets et dans le cadre de nos festivals. Souvent, ils prennent acte mais c’est jamais arrivé que le ministère finance un de nos projets et c’est vraiment déplorable. Il faudra qu’à l’avenir le ministère de la culture soutienne davantage les artistes dans la réalisation de leurs œuvres car quand on parle de développement d’un pays, la culture ne saurait rester en marge.

ICF : Que pensez-vous de la musique burkinabè aujourd’hui dans son ensemble ?

Afrikan’da : La musique burkinabè se porte bien à notre avis. Si nous reculons de cinq ou dix ans, on pouvait compter du doigt les artistes confirmés au Burkina. De nos jours, c’est tout le contraire parce que le pays regorge de nombreux talents et c’est vraiment à féliciter. Nous avons une fois emprunté un taxi à Bamako au Mali et ils nous étions étonnés d’entendre un titre de l’artiste Dicko Fils qui jouait dans le taxi. C’est vraiment réjouissant de voir qu’aujourd’hui la musique burkinabè est écoutée hors de nos frontières.

ICF : Un mot pour clore notre interview ?

Afrikan’da : Pour terminer, nous allons inviter ceux qui n’ont pas encore écouté le titre  »Point de vue » du groupe en featuring avec Smarty de chercher à le visionner. Le clip est sur YouTube et c’est à consommer sans modération. Merci !👇🏻👇🏻👇🏻👇🏻👇🏻👇🏻

Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO et Jérôme SARAMBÉ (Stagiaire)

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