La délégation des étudiants maliens de l’École supérieure d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme (ESIAU) accompagnés par leur directeur général, Abdoulaye Deyoko et son assistant, ont, dans l’après-midi du jeudi 7 mars 2024, été reçus en audience par leur ambassadeur résident au Burkina Faso et visité le musée de la musique Georges Ouédraogo de Ouagadougou. Cette visite de l’ambassadeur malien Issouf Oumar Maïga a visé à faire part de l’objectif de leur séjour dans le pays des « Hommes intègres ». Celle du musée de la musique a pour objectif de montrer aux étudiants les réalisations à succès de l’architecture en terre utilisée pour construire l’immeuble dudit musée.
Selon le directeur général d’École Supérieur d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme (ESIAU), Aboulaye Deyoko, l’objectif de la visite de courtoisie chez l’ambassadeur du Mali, Issouf Oumar Maïga, à travers une audience est de lui faire part du point de déroulement des activités qui justifient leur présence au Burkina Faso. « Nous, on veut travailler avec les écoles du Sahel et les hommes aussi de la science du Sahel pour découvrir toutes les richesses que nous avons, afin de permettre à ces jeunes de pouvoir moderniser notre architecture du Sahel tout en gardant la substance culturelle », a informé le DG Deyoko.
Il a également signalé que la délégation qui est venue à Ouagadougou depuis le 3 mars dernier va continuer ses activités à Koudougou avec des visites sur le marché de cette ville, et, sur des réalisations de l’architecte burkinabè Francis Kéré avant de faire leur retour au Mali le 17 mars 2024. De son côté, l’ambassadeur, Maïga et son équipe ont remercié cette initiative patriotique de la délégation avant de saluer leur projet d’architecture soudano-sahélien qu’elle a pour les pays du Sahel. « Je vous invite également à faire du partenariat avec les agences immobilières et les ministères de l’urbanisme afin de mieux réussir votre mission. Votre initiative est formidable et répond à notre réalité surtout dans le contexte actuel d’Afrique où on assiste à une forte construction dite moderne qui contribue à la dégradation de l’environnement », a salué l’ambassadeur du Mali.
Il a également invité les jeunes étudiants en architecture et en construction à non seulement faire des recherches, mais surtout à s’intéresser de plus à la pratique. Chose, à l’en croire, qui permettra de revaloriser certaines constructions anciennes considérées comme site touristique au Sahel plus particulièrement au Mali et de créer une nouvelle architecture en terre répondant à la réalité des pays du Sahel.
Après cette visite de courtoisie à l’ambassade du Mali au Burkina, la délégation a continué ses visites au musée de la musique Georges Ouédraogo de Ouagadougou. Une visite qui a visé à faire découvrir les étudiants l’architecture burkinabè dans le domaine de la construction en terre. « J’ai vu dans ce musée des objets notamment les masques qui font référence à ma culture de base. Ce qui m’a plus impactée et impressionnée, c’est de voir une construction en plusieurs dômes en terre. Les gens pensent que la terre n’est pas un matériau qu’on peut l’utiliser pour faire une construction en forme circulaire alors qu’on peut faire de la terre de toute construction qu’on veut. Quand on voit ces différents immeubles, ça nous donne envie de faire la construction en terre. C’est aussi intéressent ce bâtiment, car, à l’intérieur, il y a de l’air pur, on n’a pas besoin de l’air conditionné. La terre même fait refroidir l’intérieur du bâtiment », a apprécié, Rokia Traoré, étudiante d’ESIAU. Elle a confié que la construction de ce musée l’inspire dans le futur. Elle rêve : de « faire remonter la terre à la surface » afin que « nos constructions passent du ciment à la terre », a-t-elle opiné. Et d’ajouter : « C’est moins cher pour nos clients et c’est plus rentable », a insisté, l’étudiante Traoré.
Celui-là même qui a fait découvrir Rokia Traoré et ses camarades le musée de la musique n’est autre que l’un des membres du concepteur du bâtiment dudit musée. Il s’agit d’Aboulaye Deyoko, leur directeur général. Pour lui, c’est une fierté de voir l’immeuble qu’il a contribué à sa réalisation devenue aujourd’hui un site touristique après 40 ans d’existence. « Le musée de la musique est une architecture emblématique en terre qui prouve qu’on peut faire des choses emblématiques avec la terre. Les différentes combinaisons sur cet immeuble, on n’en trouve nulle part. J’ai fait venir mes étudiants ici, c’est pour pouvoir faire d’autres créations en interne », a -t-il déclaré. Il poursuit : « Ça me fait chaud au cœur de revoir cet immeuble aujourd’hui sur pied, à l’époque de sa construction, ce n’était qu’un rêve. Aujourd’hui, ça confirme la construction en terre dure », a t-il précisé.
Il a rappelé que l’honneur revient plus au capitaine Thomas Sankara, qui avait cru au projet et les encourageait à construire malgré toutes les difficultés. « Thomas disait toujours, foncez même si ce n’est pas bon, ce n’est pas un problème », a-t-il rappelé. Et d’ajouter « le souvenir de la construction est qu’on avait fait trop de bagarres parce que chacun avait la compréhension de la chose. C’est cette divergence qui a fait qu’on a puis réaliser cet immeuble », a-t-il indiqué.
L’architecte invite les jeunes à la construction en terre afin de redonner une autre architecture à notre habitat autre que celui fait à la base du ciment. Une idée qui l’a poussé à créer l’école Supérieure d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme, basée à Bamako, à l’en croire.
Cette visite a été bien appréciée par les responsables du musée également. « La visite de cette délégation est la bienvenue, car, à l’occasion, j’ai enfin rencontré l’un des bâtisseurs et architecte qui a contribué à bâtir le musée après plusieurs années de recherche », a dit, Mahamadi Ilboudo ancien directeur du musée de la musique. La délégation était également accompagnée au cours des visites par les représentants de l’association « Yaam solidarité» et ses partenaires de « fact Sahel+ ». Créée en 2005, ESIAU est une école de formation basée à Bamako, la capitale malienne qui forme des étudiants en Architecture, génie civil et l’urbanisme.
Modou Traoré (collaborateur)
