mer 24 avril 2024

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CINEMA: le cinéma burkinabè vu par le comédien et acteur, Rasmané Ouédraogo

« Ladji » pour les amoureux du petit écran, Rasmané Ouédraogo est un comédien et acteur de cinéma, résidant à Ouagadougou. Veritable icône du paysage cinématographique au Burkina Faso comme partout en Afrique, il n’hésite pas aujourd’hui à partager sin savoir-faire, dans de nombreuses écoles de cinéma. Par ailleurs, il nous a reçu pour une interview. Des échanges au cours desquels, il est revenu un tant soit peu sur sa carrière, tout donant son point de vue sur le cinéma burkinabè. Enseignant à l’Institut supérieur du sons et de l’image. Rasmané à su incarner ses rôles dans ses différents films ,ce qui fait qu’il est beaucoup reconnu et aimé. Il nous a reçu chez lui a Ouagadougou pour une interview.Sa carrière et ses ambitions futures ont été l’objet de notre entretien.

Infos Culture du Faso (ICF): Dites-nous qui est Rasmané ?
Rasmané Ouedraogo (RO): Comme voud l’avez dit, je me nomme Rasmané Ouedraogo, comédien et acteur de cinéma, de nationalité burkinabè. Je suis réalisateur de formation à l’université ici. Ensuite je suis allé me spécialiser en Europe dans le domaine de la production cinématographique et audiovisuelle et présentement je suis enseignant l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS-SE) que j’ai contribué d’ailleurs à créer. C’est une institution pour l’État. Jai aussi été pendant longtemps à la tête de la Fédération de la coalition pour la diversité culturelle. J’enseigne aussi à l’ENAM, à l’ISIG, et dans d’autres pays comme le Bénin etc.

ICF: Qu’est-ce qui vous a motivé à entrer dans le domaine du cinéma ?
RO: Je suis rentré dans le domaine du cinéma par études. Pour dire vrai, au départ c’était pour avoir un emploi, et par la suite l’envie est venue. Mais j’avoue que ce n’est pa la passion première qui m’a envoyé là-bas. J’y suis allé par orientation; d’abord réalisateur, après je suis allé me former pour la production. Et ça c’est plus tard dans l’exercice de ma promotion. Je me suis rendu compte du vide qu’il y avait dans ce domaine, pourtant quand on dit cinéma on parle de production. Nous sommes allés à la réalisation sans être initiés à la production d’abord. Si le cinéma burkinabè a des problèmes, c’est justement par-ce que nous avons sauté des étapes.

ICF: Parlez-nous de votre filmographie
RO: Je n’ai pa voulu être comédien burkinabè seulement mais j’ai décidé d’être comédien africain aussi, si bien que j’ai joué dans des films en Europe. j’ai joué dans des films africains hors du Burkina. Les films burkinabè que j’ai joué ici sont: « Yaaba », « Tilaï », « La nuit de la vérité » de Fanta Nacro. J’ai eu également quelques apparitions dans, « Yamdaabo », « Trois hommes, un village »; « Trois femmes, un village ». En Côte d’Ivoire, j’ai joué dans « Andagama, « Les rois nègres ». Je Viens de rentrer du Congo où j’ai joué dans « Mayouya », présentement au festival de Cannes. Sans oublier les séries telles que « A nous la vie », « Kadi jolie » et bien d’autres. Je pourrais estimer à 200, les films et séries confondus dans lesquels j’ai joué.

ICF: Le métier de comédien du cinéma nourrit-il son homme ?
RO: Pour le moment, ça ne nourrit pas parce justement je vous ai dit que le cinéma africain a voulu se construire seul sans tenir compte des enjeux de la production. C’est par la production, donc le financement du cinéma que l’acteur aussi doit trouver son compte. Pourtant pendant longtemps, nous avons fait du cinémas, des films à partir de la bonne volonté, à partir de certains liens d’amitiés ou de parenté. Cela ne nourrit pas quelqu’un. Le cinéma est un business; le cinéma est une opération commerciale; le cinéma est une opération dans laquelle on met par exemple 100 millions pour espérer récolter 150 millions. Et quand cela est pris en compte, ceux qui y travaillent doivent normalement pouvoir trouver leurs comptes. Mais quand on commence un film et on ne sait même pas si on va le terminer, après on est obligé de torde le coup à d’autres personnes, notamment les techniciens, les comédien pour pouvoir arriver à son ses fins. Forcément il n’y aura pas de quoi espérer. Aucun comédien ne vit de son art. premièrement, il y’a un flou total en ce qui concerne les cachets, mais aussi au niveau du bdget. Juste dire que là où on rafistole, forcément il y aura des gens qui vont sortir lésés si bien qu’aujourd’hui l’acteur ne peut pas prétendre vivre de son art.

ICF: A votre avis, qu’est-ce qu’il faut pour améliorer les conditions de vie de travail des comédiens ?
RO: C’est déjà d’être payé normalement à la hauteur de sa prestation, à travail égal et à salaire égal. Ensuite, respecter les clauses des contrats que nous signons en ce sens qu’il y’a des parties qui parlent de session de droits. Dans ces sessions, pour l’acteur, il y’a aussi des retours de recettes vers le comédien. Ce sont des choses dont on ne parle jamais ici. Pour le peu qu’on gagne, il faut savoir aussi gérer.

ICF: Que pensez vous de votre carrière à l’étape actuelle des choses ?
RO: Moi, je me sens bien parce que je ne fait pas une seule chose. Je fais plusieurs choses à la fois et je conseille cela à tout le monde. Cest-à-dire faire plusieurs choses en ce sens que même si ça ne marche pas ici que ça puisse marcher ailleurs. Aussi, il faut travailler pour soit même et être exigent.

ICF: De façon globale que pensez-vous du secteur cinématographique au Burkina Faso ?
RO: Le secteur cinématographique au Burkina Faso regorge beaucoup de problèmes. Déjà quand vous prenez les sujets de films, ils ne sont pas riches; tout tourne autour de petits problèmes de ville. Pourtant, le Burkina Faso a plein de sujets passionnant dans son histoire, dans son rapport entre les hommes, la vie au village. Il y’a des films tu finis et tu n’as même pas envie de dire que tu viens du même pays que le producteur parce que sa n’inspire rien. En gros, il n’y a aucune leçon à tirer, aucune morale, aucune finalité. En sus, il y’a la technique; on se lève pas du jour au lendemain pour dire qu’on est cameraman parcequ’on sait juste manipuler son appareil. La caméra ça s’apprend, c’est une technique, la lumière se maîtrise, le son ça s’apprend, les modulations, les microphones leurs utilités, comment combattre les nuisances sonores. Bref, il y’a des écoles pour cela. Aujourdhui le diagnostic est alarmant par-ce que rien ne montre qu’on est entrain d’aller vers l’amélioration. Le cinéma burkinabè a été connu, il a été venté partout et aujourd’hui personne n’en parle, même des pays qui sont venus s’inspirer de nous sont entrain de nous dépasser. Prenons l’exemple du Nigeria à côté, le cinéma nourrit parce que c’est l’objectif final. Il faut que ton film te permette de faire un deuxième film. Mais moi je ne vois pas quelqu’un ici à qui son premier film lui a permis de refaire un deuxième film. Il y’a également il y a aussi le manque de salle pour nos films. Mis à part le ciné Nerwaya et ciné Burkina à Ouagadougou ici, puis la salle Guimbi à Bobo, toutes les quarantes cinq salles que Sankara avait construites dans les provinces sont devenues aujourd’hui des boutiques ou soit se sont des animaux qui sont dedans. Au niveau des textes, il faut réorganiser, il faut définir les choses.

ICF: Quels sont vos projets à court et moyen terme ?
RO: A court terme, déjà je dois aller le 24 juin en Mauritanie pour le film de Appoline Traoré. J’ai également un film en vue que je dois aller tourner au Mali. D’autres projets viendront par la suite du côté du Congo mais on croise les doigts pour le moment.

ICF: Quels conseils aimeriez vous donner aux jeunes qui voudront emboîter vos pas ?
RO: Il faut d’abord qu’ils sachent ce qu’ils veulent, connaître la matière c’est-à-dire, le domaine dans lequel tu veux te jeter; ne pas rêver parce que c’est du cinéma. Il n’y a pas de rêve, on apprend et on part; il faut accepter se former, accepter se remettre en cause, accepter que ce n’est pas facile. En un mot, ce n’est pas du jour au lendemain que l’on devient professionnel.

Léticia G. YAMEOGO (stagiaire)

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