ven 26 avril 2024

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ENTRETIEN : Tchè-Yèrô ou l’amazone aux pieds nus

Tchè-Yèrô, à l’état civil Somé Sankoum-Tchèyèrô Florence, est une artiste-musicienne burkinabè née à Jacqueville en Côte d’Ivoire. Issue d’une famille de chanteurs, elle fait sienne l’héritage musical légué par ses parents. Au cours cette interview accordée à Infos Culture du Faso, Tchè-Yèrô revient sur son parcours musical et parle de ses projets.

Infos Culture du Faso (I C F) : Présentez-vous à nos lecteurs

Tchè-Yèrô (T) : D’abord, je suis honorée de l’occasion que vous m’offrez de parler de moi et de ma carrière musicale aussi bien à vos lecteurs qu’à mes fans que je sais très nombreux à vous suivre comme moi-même. À l’état civil, je me nomme Somé Sankoum-Tchèyèrô Florence née le 29 juin 1984 à Jacqueville en Côte-d’Ivoire. C’est dans les années 1993 que je vais, par le biais de mes parents, découvrir ma chère patrie le Burkina Faso. Et, quand j’y ai posé le pied, j’ai tout de suite senti que je devais y rester. Je suis donc Burkinabè, originaire de Mou, un village de la commune de Dissin, province du Ioba, région du Sud-Ouest. Je suis mariée et je réside à Ouagadougou bien qu’en réalité, j’ai un pied au village. Je suis également productrice agricole, une amazone de l’agriculture, auparavant coiffeuse esthéticienne professionnelle et bien-sûr artiste chanteuse. Certains me connaissent beaucoup plus dans la coiffure et esthétique et d’autres me savent passionnée de la production agricole jusqu’à ce qu’on me surnomme l’amazone aux pieds nus.

I C F : qu’est-ce qui vous a réellement poussée à faire de la musique votre moyen d’expression ?

T : Je pense réellement que c’est la musique qui s’est emparée de moi. Depuis toute petite, ma mère m’impactait énormément avec ses chants à longueur de journée. J’avais même l’impression qu’il était impossible pour elle de faire quelque chose sans chanter. Elle chantait plus qu’elle ne parlait. Mais à cette époque, j’avoue que j’étais plus fascinée par les talentueux pas de danse de mon père. Un danseur hors pair, qui faisait la une à toutes les battues des soirs. Je m’étais décidée de tout prendre de mon père, surtout ses talents de grand danseur qui faisait de lui, grande star du village. Je ne sais pas si je l’atteins aujourd’hui, mais je me débrouille pas mal. Ma mère, avec sa voix d’or nous donnait l’occasion, mon père et moi, d’exprimer nos talents de grands danseurs tous les soirs au coucher du soleil. Tout était beau, sinon même merveilleux jusqu’à ce que brusquement en moins d’un an d’intervalle, Dieu rappelle en lui mes deux lumières (papa et maman) laissant avec moi, deux petites sœurs et un petit frère. Ainsi, je devais là, jouer à la mère en imitant fidèlement ses berceuses afin de continuer de donner la joie à mes petites sœurs et petit frère. Je rends hommage par-là, à ma tante qui a été pour nous un tout, un père et une mère de remplacement. De la grande danseuse que j’étais, me voilà par la force des choses, chanteuse très appréciée par mon entourage, surtout ceux et celles qui connaissaient ma mère, trouvaient que j’empruntais fidèlement sa voix d’or. La musique me permet de rentrer en communion avec mes parents, mes proches, mon entourage tout simplement. Elle me permet surtout de surmonter temporairement ma timidité.

I C F : Vous avez donc hérité votre art de vos parents ?

T : C’est vrai que j’ai fait l’expérience des chants de chorale avec mon intégration à la chorale dagara de la diaspora de l’église de Ouézinville à Bobo-Dioulasso en 2001 puis, à la chorale Sainte Cécile de la paroisse Jean XXIII de Ouagadougou dès les années 2004. Mais comme je l’ai dit plus haut, c’est fondamentalement venu de mes parents. Il paraitrait que depuis ma naissance mon grand-père, qui lui-même était un grand et célèbre chanteur, avait vu ce talent de chanteuse en moi que quand il a été question de donner mon nom, il a dit : « ton ancêtre te lègue le pouvoir de la parole profonde » d’où mon prénom : « Sankoum-Tchèyèrô ». C’est de ce prénom qu’est tiré mon nom d’artiste, Tchè-Yèrô. Donc je ne fais que suivre un chemin préétabli avec foi et détermination. Est-ce que j’arriverais ? Je n’en sais rien, mais une chose est sure, je n’abandonnerai point (Rire….).

I C F : Combien d’œuvres musicales avez-vous réalisées dans votre carrière d’artiste ?

T : J’ai officiellement un album de huit (8) titres baptisé N’Sire, sorti en novembre 2017 et un single titré Maria, sorti en août 2018 sur le marché. Mon deuxième album est fin prêt et nous sommes en train de mettre les petits plats dans les grands pour sa sortie officielle. C’est vraiment pour bientôt et je me garde de donner une date précise. Une chose est sure, mon staff s’active pour qu’il soit disponible cette année 2021. C’est de même que le clip. C’est mon tout premier clip ; il est également en préparation, il sortira en même temps avec le deuxième album.

I C F : Quels sont les thèmes que vous abordez dans votre musique ?

T : Comme bien d’autres artistes, je traite des sujets d’actualité, des faits de société. Je m’inscris dans la sensibilisation ; j’essaie d’alerter pour qu’ensemble nous prenions les mesures qu’il convienne. J’essaie d’interpeller pour une prise de conscience individuelle et collective. J’essaie comme vous le savez, d’apporter ma pierre constructive pour un Burkina prospère, dans un monde meilleur. Je chante l’intégrité, le civisme, le fier Burkinabè. Je m’attaque avec force à l’exode rural des jeunes filles, aux grossesses précoces, à l’intolérance dans toutes ses formes. Je dénonce fermement le manque de solidarité. C’est vraiment un ensemble de sujets pour lesquels j’essaie d’apporter ma juste contribution.

I C F : Comment se comportent vos œuvres sur le marché de disque ?

Dans l’ensemble, je suis satisfaite des résultats escomptés. Une œuvre sortie depuis 2017 et qui jusqu’en 2021 continue de se faire sa place sur le marché, un marché qui ma foi, est en perpétuelle évolution. Tellement d’innovations, d’œuvres de qualité de jour en jour. Je suis moi-même fascinée de voir à combien mes œuvres s’accrochent bon sur ce marché à tel point que j’ai plusieurs fois retardé la sortie du nouvel album. J’espère que l’album qui va bientôt sortir ira encore plus loin car dedans, je me suis encore donnée à fond pour l’accomplir, pour le grand bonheur de toutes et de tous.

I C F : Quelles relations entretenez-vous avec les artistes de la région du Sud-Ouest ?

T : Tchè-Yèrô et ses collègues artistes du Sud-Ouest entretiennent de très bonnes relations. Quand l’occasion nous est donnée de se retrouver, nous nous amusons pleinement ; nous essayons d’être solidaire à tout point de vue. En général les artistes du Sud-Ouest n’entretiennent pas des guéguerres inutiles entre eux. Nous savons que nous avons besoin de l’un de l’autre. Pour ce qui me concerne personnellement, mon seul handicap est ma timidité qui pourrait constituer involontairement un frein je suppose. Mais quand l’occasion se présente, je fais de mon mieux. En dehors de ça, je suis accessible, je suis de bon cœur. J’approche les uns et les autres pour prendre des conseils ; j’offre pleinement et avec joie mes services à toute personne. J’ai des projets de featuring avec certains dont je vais taire les noms pour le moment. Ce n’est pas un secret mais, j’aime les surprises surtout quand elles sont agréables comme celle-là (Rire…..).

I C F : En plus du corona virus qui a impacté fortement l’activité culturelle et artistique au Burkina, quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les artistes de la région du Sud-ouest ?

T : Franchement, le corona virus a même plus qu’impacté l’activité culturelle et artistique au Burkina. Il a essayé de tout tuer. (Rire…). Pour ce qui est du cas spécifique des artistes de la région du Sud-Ouest, je dirais que même avant, pendant et après le corona virus, la promotion, le financement et l’écoulement des supports sont un ensemble de difficultés restées quasi-insurmontables jusqu’à nos jours, par l’ensemble des artistes du Sud-Ouest. Nous faisons tellement d’effort pour tenir, parce que même dans ces difficultés, notre culture, notre musique doit tenir, doit survivre, doit grandir et s’étendre sur le monde. Nous nous sommes engagés à conquérir le monde musicalement bien-sûr.

I C F : Selon vous, quelles sont les pistes de valorisation de la musique au Burkina particulièrement celle tradi-moderne que vous pratiquez ?

T : Je pense bien qu’il existe des pistes de valorisation de la musique au Burkina, particulièrement celle tradi-moderne. Est-ce qu’elles sont suffisantes ? Je n’en sais rien, mais n’empêche qu’il y’a de véritables pistes de valorisation de cette musique tradi-moderne au Burkina Faso. La Semaine nationale de la culture (SNC) est un meilleur exemple. On a même des Semaines régionales de la culture qui précèdent la SNC. À côté de cela, il y’a tellement de festivals dans presque toutes les localités du Burkina Faso. Dans certaines villes telles que Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, on assiste progressivement à la tendance, chaque quartier son festival. Certains festivals ont tellement grandi qu’ils font aujourd’hui notre fierté tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

I C F : Quelle est votre actualité musicale ?
T : Je rends grâce à Dieu car, depuis la reprise progressive des activités culturelles et artistiques suspendues auparavant pour effet corona virus, mon staff et moi ne chômons pas du tout. Nous sommes entre concerts, entre enregistrement studio, préparation de clip et préparation de sortie officielle de l’album ainsi que du clip. Nous sommes sollicités pour une tournée musicale au Ghana pour août – septembre. Nous sommes sollicités également pour une tournée musicale en Côte d’Ivoire pour novembre – décembre. Nous nous activons à être opérationnels pour honorer nos engagements. C’est déjà un calendrier chargé avec à côté certains plateaux d’expression musicale non moins importants.

ICF : Quel est votre dernier mot à l’endroit de vos fans et de tous ceux qui lisent le journal Infos Culture du Faso ?

T : Oui mes fans, je n’ai pas envie de vous laisser un dernier mot, car, je n’ai pas envie et je n’ai pas non plus l’intention de vous fausser compagnie. Retrouvez-moi comme d’habitude, là où vous le saviez. Vous êtes ma force, ma raison de persévérer. Tchè-Yèrô n’est rien musicalement sans vous. Cette attention que vous m’accordez jour et nuit, me donne force, courage et espoir de persévérer. Seule, je ne gagnerai point, ensemble nous remporterons des batailles et des guerres. C’est une chance pour moi de vous avoir avec moi, je suis moi-même fan de vous. La sagesse africaine nous enseigne que la vache ne remercie point le marigot après avoir bu car, elle va de toute façon y retourner s’abreuver encore et encore. Merci et longue vie à Infos Culture du Faso.

Interview réalisée par Demba Ka BARRY

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