A l’occasion de la 4e du Festival des identités culturelles (FESTIC) qui s’est ouvert le 30 Octobre dernier, le Cinéma Numérique Ambulant (CNA), avec l’appui d’Africalia, a tenu un panel sur la place du cinéma dans la consolidation du vivre-ensemble. C’était ce jeudi 4 novembre 2021 à Ouagadougou.
Ouagadougou accueille du 30 octobre au 6 novembre prochain la 4e édition du FESTIC. Et dans le but de contribuer à la promotion et à la sauvegarde des richesses culturelles en voie de disparution, les organisateurs dudit festival ont bien voulu tenir un panel. « Cinéma, outil d’éducation au vivre-ensemble », c’est autour de ce thème que les panelistes ont échangé deux heures durant avec le public composé d’universitaires, de journalistes et d’artistes.
De façon claire, le présent thème se présente à trois niveau, notamment les système traditionnels de coexistence, les raison des fissures sociales actuelles et enfin comment le cinema peut être un outil d’éducation au vivre-ensemble. Conférencier à ce panel, le Dr Justin Toro Ouoro, par ailleurs maitre de conférence de sémiologie esthétique et accueil du cinema et de l’audiovisuel à dans sa communication invité à se départir d’une illusion d’un passé idyllique. Car dit-il : « la tradition d’hier a été avant tout la modernité de ceux d’avant-hier, et que la modernité d’aujourd’hui va être la tradition de ceux de demain ». Et cela pour dire qu’en revisitant hier les remèdes d’hier ne sont pas forcement indiqués pour les maux d’aujourd’hui.
Pour ce qui est des fissures sociales actuelles, il les situent, sans être exostif, à six niveau dont « la désorganisation sociale, la perception de soi selon le prisme de l’autre, la désacralisation des choses, la désymbolisation, les facteurs économiques, la confusion entre ce qu’on peut dire et ce qu’on ne peut pas dire. Pour lui, face à cette désintégration de l’être, si le cinéma africain veut contribuer à résoudre la question du tissu social, il doit dans son ensemble apprendre à se réaproprier son rôle politique et il ne s’agit pas d’un esthétisme gratuit et faire de l’art moins encore de distraire un public.
Il s’agit avant tout de pousser un cri politique; ensuite les cineates doivent prendre la pleine mesure de leurs responsabilités sociales, révolutionner la perception africaine de soi à travers la reconstruction d’un sujet postcolonial performant car nos film ne nous donnent pas suffisamment de rêves. Donner du sens aux choses et aux êtres; faire un travail de mémoire pas un travail de mémoire mémoriel pour se rappeller de ce qui est mais de mémoire viatique ce qui nous permet d’agir; faire assurer au cinéate sa vocation de créateur d’utopie, d’outil de conquête. Il ne doit pas être seulement descriptif il doit être aussi projection, inventif. Pour lui, il est bon de faire un film sur le terrorisme mais il est encore mieux aujourd’hui de faire un film qui à partir du terrorisme présente une societé qui renait du terrorisme.
Quant au second paneliste, Pierre Rouamba, réalisateur et producteur de films, il s’est exprimé en ces termes. « Dans nos sociétés traditionnelles, certes il y avait des mécanismes de médiation, mais que les acteurs de ses mécanismes sont toujours présents. C’est l’exemple des neveux des wemba, de la parenté à plaisenterie, des relations avec la belle famille ». Il est surtout revenu sur les aspects beaucoup plus techniques du cinéma comme la production, la réalisation, la scénarisation et la diffusion du film en insistant afin que les films qui touchent à la société ne restent pas dans les grandes villes et ne soient pas que des films du Fespaco. De ses dires, par des mecanismes de financement innovant, l’Etat doit accompagner les producteurs et les réalisateurs qui travaillent sur les question, mais aussi accompagner les institutions qui travaillent à ce que les films aillent au plus profond de nos villages.
Carine Bado, réalisatrice, actrice, productrice et par ailleurs troisième paneliste de la journée, dans son intervention sur la thématique, a utilisé deux films de fixion de Gaston kaboré et trois films documentaires pour appuyer son argumentaire. Ainsi dans le film de <<Bud yam>> de Gaston Kaboré, à travers le personnage central Wend Kuni qui dans sa quête identitaire a traversé toutes les sociétés du Burkina pour trouver le remède pour sa sœur malade. Elle a aussi parlé de <<Rabi>>, toujours un film de Gaston Kaboré qui évoque une relation intergénérationnelle ou un grand père apprend à son petit-fils comment il faut respecter la vie; comment il faut se reconcilier sur les questions écologiques.
Elle a aussi plongé les cerveaux dans les dures réalités des films documentaires. Dans l’ensemble, ce panel aura été enrichissant pour le public qui est sorti massivement. Des phases de questions réponses ont ponctué cette journée d’échanges.
Souleymane FOFANA (stagiaire)