jeu 18 avril 2024

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Interview : « Le guide touristique est avant tout un ambassadeur », dixit Jimho Latif Dada

« Le pays des hommes intègres » est un pays d’hospitalité par essence. Riche en sites touristiques, du nord au sud du pays les visiteurs locaux et étrangers ont une panoplie de choix. Pour les aider dans leur visite, les guides touristiques en font un sacerdoce. Nous avons tendu notre micro à l’un d’entre eux. Doublement récompensé aux trésors du Faso, sa zone de prédilection est celle des Cascades. Il compte à son actif des ouvrages sur la région. Découvrez avec nous Jimho Latif Dada, promoteur de l’agence Burkina tourisme basé à Banfora. 

Infos culture du Faso (ICF): Veuillez-vous présenter à nos lecteurs ?

Latif Dada : Jimho Latif Dada, guide touristique professionnel, spécialiste de la région des Cascades. J’ai mis en place une association pour faire également la promotion du tourisme.

ICF: C’est quoi le travail d’un guide touristique ?

Latif Dada : Le travail d’un guide touristique est assez vaste, il ne se résume pas seulement à accompagner le touriste pour une visite, même si c’est son activité principal. Le guide est avant tout un ambassadeur qui doit connaître l’histoire de son pays. Le guide doit avoir des connaissances générales sur son pays, pour permettre aux visiteurs d’avoir la bonne information.

ICF: Dans le contexte sécuritaire actuel, quel est l’état du tourisme ?

Latif Dada : Je pense que la question de sécurité tue toute l’économie, mais le tourisme est le domaine le plus touché. Le tourisme interne est très peu développé, parce que le Burkinabè lui-même ne voyage pas. Nos plus grands clients sont des expatriés, européen où américain. Donc par peur de se faire tuer les touristes évitent les zones d’insécurité. Du coup il y a des hôtels qui ferment, et je prends l’exemple sur ma personne. Cela fait trois ans que je ne travaille pas, je souffre de ça. D’autres ont dû se reconvertir, mais moi je n’ai pas eu la chance de le faire. Donc le phénomène d’insécurité a porté un gros coup sur le tourisme burkinabè.

ICF: Que faire pour valoriser le tourisme local ?

Latif Dada : Le voyage n’est pas dans la culture du Burkinabè, la solution serait donc de passer par une sensibilisation à la base pour donner l’importance du voyage.  Pour nous Burkinabè le voyage de découverte est une perte de temps et d’argent. Donc le plus gros boulot est la sensibilisation et la promotion. Par exemple moi qui suis à Banfora qu’est-ce que je peux voir à Ouahigouya, qu’est-ce que je peux apprendre de la culture moaga. Que peut-on découvrir à Dori ou dans le Seno. Après un travail de sensibilisation et de promotion, il y a le problème majeur, le problème de la bourse du Burkinabè lambda. Combien gagne? Combien je dépense ? Est-ce que ce qui me reste peux me faire voyager avec ma famille ? Pour le Burkinabè lambda ce n’est pas évident. A ce niveau ce que l’Etat peut faire c’est de voir avec les agences de voyage et de tourisme, les subventionné pour leur permettre d’organiser des voyages de découverte à moindre coût. A Banfora cela fait deux ans que j’organise des expéditions à moindre coût avec mon bureau, le bureau du tourisme. Et j’ai constaté que le besoin est là mais les moyens manquent. Je pense que c’est les trois grandes choses à faire pour permettre de développer le tourisme interne.

ICF: Le Burkina Faso peut-il se baser sur le tourisme pour valoriser son économie ?

Latif Dada : Les pays maghrébins sont des exemples que tout le monde connais de développement grâce au tourisme. La Tunisie à 60% de son économie qui provient du tourisme. Ils ont misé sur le tourisme en tant que levier économique. Si le Burkina mise sur le tourisme, on a  tous à y gagner. Mais au Burkina, excusez-moi mais on est trop dans les discours, on parle plus qu’on agit. Le tourisme c’est la pratique. Je trouve que le ministère ne s’occupe pas trop de l’aspect tourisme de son département, ou peut-être que son budget n’est pas assez conséquent, mais est-ce qu’il y a aussi des propositions concrètes qui sont faites. On voit bien que dans les autres ministères ça bouge, mais dans notre ministère on se sent délaissé. Le Burkina est un pays l’hospitalité internationalement reconnu. Dans mes tournées de promotion à l’international on me le dit. Il faut donc que le milieu soit réorganisé.

ICF: Comment êtes-vous arrivez à ce métier?

Latif Dada : Au début ma mère m’avait prédestiné à être médecin, mais moi c’est la diplomatie qui m’intéressais. J’ai fait la série A et le jour où la maman a compris que le baccalauréat que j’ai ne permettrait pas de faire la médecine, elle a cessé de me soutenir. Donc par manque de soutien mes études ont dû s’arrêter là. J’ai commencée à accompagner des touristes sur les sites vu que Banfora est riche en sites touristiques. Et au fur et à mesure des rencontres, je suis allé faire des études de linguistique au Ghana. Et un jour alors que j’ai expliqué mon histoire à un touriste il m’a dit, mais tu es un ambassadeur mais un ambassadeur ambulant. J’étais fière de ça et j’ai persévéré pour arriver à être ce que je suis actuellement. Aujourd’hui je ne vis que du tourisme, j’ai des enfants qui sont à l’université. J’ai reçu le prix de meilleur guide du Burkina. En 2017 j’ai été lauréat au trésor du Faso dans la région des Cascades côté tourisme.

ICF: Parlez-nous un peu des potentialités touristiques de la région des Cascades.

Latif Dada : La région des Cascades est une région très riche dont tous les sites ne sont pas répertoriés. Les Cascades de Karfiguéla, les dômes de Fabedougou, les pics de Sindou,  le Village troglodyte de Niansogoni, les Gravures rupestres de Dramanedougou et j’en passe. On a également le tourisme industriel avec les usines de la région. J’ai un livre sur la région des Cascades pour valoriser le tourisme dans la région, j’ai également un livre sur la commune de Banfora, et un que je suis en train de préparer sur la ville de Niangoloko où j’ai répertorié plus de 100 sites.

ICF: Quels sont vos projets en matière de promotion touristiques et culturel ?

Latif Dada : Les projets, ils sont pleins, à long comme à court terme. Mais mon projet majeur c’est de doter la région des Cascades d’un musée. C’est un projet qui est évalué à 200 millions. C’est un musée à ciel ouvert qui devrait occuper tout un village. Tous les projets que j’ai eu en rêve se sont réaliser et ce projet même si c’est dans cent ans, il va se réaliser.

ICF: Votre dernier mot?

Latif Dada : Pour mon mot de fin, ce sera un cri de cœur. C’est de voir des jeunes qui bataillent dur pour le développement de leur région. J’aimerais également que les jeunes s’intéressent de plus en plus au tourisme et au métier de guide touristique. Le tourisme créé de l’emploi et permet le développement local. Merci également à vous pour l’instant accordé.

Propos recueillis par Zié Hamed Kader OUATTARA

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