jeu 21 novembre 2024

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Kibidoué Éric Bayala : « L’année 2023 fut très riche, positive en engagement et en activités »

Kibidoué Éric Bayala est un musicien, écrivain et réalisateur de film documentaire. L’année 2023 a particulièrement été pour lui chargée « d’activités positives ». Après avoir fait plusieurs tournées dans différents pays à travers le monde, il a été décoré en septembre 2023 de la Médaille des Arts et de la Culture de la ville d’Innsbruck en Autriche où il est résident. Au cours d’une interview qu’il a accordée à notre Rédaction, Éric Bayala nous a confié, entre autres, ses réalisations au cours de l’année 2023 et les difficultés qu’il a essuyées ainsi que ses projets pour l’année 2024.

Infos Culture du Faso (ICF) : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît!

Kibidoué Éric Bayala (KEB): Merci de me donner votre micro. Si vous me permettez, je vais vous faire une présentation culturelle. Je suis Kibidoué Éric Bayala, musicien, écrivain et réalisateur de film documentaire. Je réside à Innsbruck en Autriche.

ICF: Parlez-nous des activités qui ont marqué votre carrière en cette année 2023 ?

KEB : Au Burkina Faso, l’année 2023 a été marquée pour nous par la tenue de la deuxième édition du festival de cinéma dénommé, les Rencontres Cinématographiques de Sya (RECIS) qui s’est déroulée du 8 au 12 novembre 2023 à Bobo-Dioulasso sous le thème: « Cinéma et construction d’une mémoire et d’une identité ». Nous avons eu comme Président du Comité d’Organisation (PCO) Nouhoun Thanou et sous la supervision générale du cinéaste Sounkalo DAO. Aussi, nous avons eu un volet scientifique appelé « RECIS-Académie » sous le thème: « Formation des archivistes et des promoteurs de films et des produits audio-visuels“. Ce projet au sein de la deuxième édition des RECIS fut dirigée par le Dr. Ignace Sangaré. Les RECIS-Académie comprennent un symposium, deux ateliers de formation, un master class, une conférence d’information et de débats avec des partenaires stratégiques. Ce projet fut financé par le (Fond de Développement Culturel et Touristique (FDCT) avec l’appui de l’Union Européenne et du PAIC-GC, la CEDEAO, le MCCAT et l’Ambassade d’Autriche à Dakar.

En Autriche, l’année 2023 a commencé par les préparatifs du tournage de la fin d’un projet de films documentaires avec des musiciens et musiciennes de même que des danseurs et danseuses.
Du 19 au 21 Mai 2023, j’ai participé en tant que membre du comité d’organisation et membre du comité de sélection de films au festival de cinéma appelé « Filmfestival in Waldhüttl“.

Aussi, le 7 octobre 2023, l’association dénommée « Verein Mehrheimisch-Forum der Vielen » dont je suis le coordonnateur et co-fondateur a lancé la première édition du festival des arts et de la culture. Ce festival a entre autres objectifs de donner la possibilité aux migrants, aux réfugiés, aux autochtones et autres artistes de s’exprimer dans différentes formes d’expressions artistiques. Du 23 au 25 novembre a eu lieu la sixième édition du festival de cinéma dénommé « Inncontro Filmfestival ». Ce festival avait pour thème: « L’enfance et la jeunesse dans un contexte de migration ». En France, c’est le Festival International du Film Panafricaine (FIFP) de Cannes qui a rendu hommage à mon travail de documentariste de la migration, des relations inter et transculturelles le 11 février 2023. Dans la même soirée à Cannes, deux de mes films « Les Résonances de l’Âmes » (AT 2017) et les « Tourneurs du Temps » (AT 2020) furent projetés dans une salle pleine et devant un public divers et enthousiaste.
Aussi, je fus membre du Jury Fiction de la 20e édition du FIFP qui a eu lieu du 17 au 22 octobre 2023.

ICF: Quel bilan tirez-vous de toutes ces activités ?

KEB: L’année 2023 fut très riche en engagement et en activités et très positive. À la deuxième édition des RECIS, ce sont au total 60 films provenant de 17 pays et de 3 continents qui furent diffusés à la Maison de la Culture Anselme Titianman Sanon de Bobo, en plein air dans 4 arrondissements de Bobo-Dioulasso. Dans le cadre du volet Ciné-mémoire du festival, nous avons projeté au Lycée Ouezzin Coulibaly, au Lycée Municipal Vinama Djibril Thiémounou et à la grande cité universitaire de Bobo-Dioulasso des films de pionniers du cinéma burkinabè et des films en compétition aussi.

Les RECIS Académie ont eu une grande affluence avec la participation de plus de 70 personnes. Par exemple, 16 étudiantes en master « Art et Métiers du cinéma et de l’Audio-visuel » de l’UFR/SH-LAM de l’Université Joseph Ky-Zerbo et de l’Université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso de professionnel de l’archivage et de la documentation. La deuxième édition des RECIS est sortie des salles pour partager le cinéma avec les populations des secteurs et quartier de Bobo-Dioulasso.

En Autriche, nous avons eu de l’engagement de volontaires, des autorités et des artistes durant les différentes activités auxquelles j’ai pris part. Le festival de cinéma Inncontro a eu la même affluence sinon plus en termes de cinéphiles que la période avant le COVID-19.
La première édition du festival des Arts et de la Culture fut une réussite malgré le peu de financement.
En fin en septembre 2023, je fus décoré de la Médaille des Arts et de la Culture de la ville d’Innsbruck en Autriche.

ICF: Des difficultés ont-elles émaillé l’atteinte de la réalisation de vos différents programmes en 2023 ? Si oui, lesquelles ?

KEB: Les difficultés au Faso furent principalement d’ordre financier. Par exemple, à 10 jours de la deuxième édition des RECIS, notre principal sponsor s’est retiré. Ce fut un grand trou dans le financement. Aussi, à moins de deux mois des RECIS, il y a eu des changements au niveau du gouvernorat des Haut-Bassins et de la délégation spéciale de la commune. Nous avons perdu le soutien des autorités à la tête des ces institutions. Aussi, nous n’avons pas eu la chance de mobiliser des sponsors ni au niveau national et ni au niveau local. Il y a aussi le contexte sécuritaire qui a empêché la participation de certains cinéastes étrangers car leurs pays leur déconseillent des voyages et des séjours au Faso. Cependant, nous avons eu également aux RECIS, la signature de partenariats avec le Réseau des Acteurs Culturels des Hauts-Bassins et la Flore pour l’Audiovisuel et les Technologies de l’Information et de la Communication (FLORATIC).

Il y a eu aussi un soutien renouvelé du Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, et du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA). Mais, nous avons été réconfortés dans le projet des RECIS à cause des soutiens des populations, des autorités administratives, religieuses et traditionnelles de la région des Haut-Bassins.

ICF: De façon générale, que pensez-vous des activités culturelles au Burkina, au cours de cette année ?

KEB: Je crois que le Faso a gardé son dynamisme dans le secteur culturel malgré le contexte sécuritaire, le manque de sponsoring, la réduction des espaces culturels et des lieux d’expressions artistiques et culturels. De grands évènements culturels ont eu lieu en 2023, car les acteurs/actrices du monde de la culture et des arts montrent leur résilience. Tout ceci montre que l’Artiste tisse son art malgré les conditions socio-culturelles, socio-politiques et sécuritaires dans lesquelles ils vivent. Cela ne veut pas dire que c’est facile dans le secteur culturel, mais que les artistes ne se laissent pas décourager. Ils créent et la grande majorité des entrepreneurs culturels se battent pour faire vivre les festivals, les activités qui sont inscrites dans leurs calendriers annuels.

ICF: Nous sommes en 2024, quelles sont vos perspectives ?

KEB: En 2024, j’envisage au Burkina Faso, avec l’équipe des RECIS que je remercie chaleureusement et salue, organiser la troisième édition des RECIS sous le thème « Son et Musique dans le Cinéma ». Cette édition est prévue du 13 au 17 novembre 2024 à Bobo Dioulasso. Il y a aussi la sortie de mon prochain livre et des repérages pour un projet de film documentaire au Faso.

En Autriche, il y a les activités annuelles qui comprennent deux festivals de cinéma et le festival des arts et de la culture qui sont à planifier et à organiser. Enfin, je compte finir le montage de mon huitième film documentaire.

ICF: Quels sont vos vœux pour la nouvelle année ?

KEB: Mes vœux pour 2024 aux femmes et hommes de culture, ce sont des vœux de santé, de satisfaction et de réalisation de projets. Pour notre Faso, ce sont des vœux de sécurité, de paix et de cohésion sociale. Pour l’Autriche ce sont des vœux de dialogue social, de satisfaction et d’accomplissement. Pour le monde entier ce sont des vœux de paix et de respect.

ICF: Nous sommes au terme de notre entretien, quel est votre mot de fin ?

KEB: Merci de me donner la chance de parler de mes activités, des activités de mes associations et de mes partenaires. J’adresse à votre journal et à votre équipe mes vœux de santé et de bonheur ! Au monde de la culture, je souhaite partager avec eux cette sagesse : l’eau perce le rocher non pas grâce à sa force, mais par sa persévérance. Merci !

Interview réalisée par Parfait SAWADOGO

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