Le gapal est une variante du groupe « Tchobal » qui regroupe le gapal ; qui est une boisson légère, non cuite fabriquée à base du yaourt et du petit mil, le Courbal qui est une pâte de mil cuite souvent en boulettes et délayée ensuite dans du lait et le Tama’yolla qui sont des gâteaux au petit mil mariné avec la crème « tchitigol » et le beurre de lait mis en vapeur et qui seront ensuite consommés avec du lait. L’on distingue le gapal local ; sa recette se compose uniquement de lait et de petit mil pilé à la main. Le plus souvent en grumeau et léger, il possède d’énormes éléments nutritifs. Sa particularité reste sa longue durée de conservation dans les conditions climatiques variées. Puis le gapal moderne : il est fait à base de lait local ou en poudre, de petit mil écrasé au moulin, de sucre, de gingimbre, de menthe et de l’arôme. Raffiné et le plus souvent pâteux avec beaucoup d’ingrédients, il requiert des conditions de conservation rigoureuses car très sensible à la chaleur.
Le gapal intervient dans nombre d’activités quotidiennes et incarne d’énormes valeurs sociales et culturelles. Il est utilisé lors des événements socio-culturels dont les funérailles, le mariage… En effet, le gapal est une boisson obligatoire servie aux invités à la cérémonie nuptiale appelée « dja’i’tègone » qui consacre le retour d’une femme dans sa belle-famille après le mariage. Par ailleurs, il est le symbole de la déclaration d’amour ; un garçon qui donne ou qui réclame du gapal à une fille lui exprime ses sentiments. Le gapal symbolise également l’hospitalité et sert de dessert après les repas; il est la première boisson servie à un visiteur afin de lui souhaiter la bienvenue.
D’autres communautés dans le Sahel ont, avec la cohabitation et le mixage culturel, intégré cette spécialité dans leur consommation quotidienne. Le gapal possède plusieurs valeurs nutritionnelles et les besoins diffèrent selon l’âge. Il régularise l’alimentation, lutte contre la malnutrition chez les enfants, parce que très riche en plusieurs vitamines et aide à leur croissance et au maintien de leur santé. La consommation du gapal permet aux femmes allaitantes d’avoir le lait abondamment pour les nouveau-nés.
La filière gapal rencontre des difficultés liées notamment à l’insuffisance ou au manque du lait local. Ce facteur, qui malheureusement détériore sa qualité, pousse certains utilisateurs à recourir au lait en poudre. Le manque d’encadrement des entreprises informelles dans la transformation et la conservation des produits laitiers, le coût élevé du gapal face aux autres boissons locales ne favorisent pas la promotion de ce produit.
Il est donc important que l’Etat, en collaboration avec les Organisations non gouvernementales et l’union nationale des Mini laiteries du Burkina Faso, adopte de bonnes politiques de promotion de cette filière. La mise en place d’une laiterie locale dans chaque chef-lieu de province à l’image de celle de Fada dans la région de l’Est, la formation des acteurs dans l’opération quotidienne ne seraient pas superflues. Des innovations majeures s’imposent face aux défis du monde actuel et pour répondre aux besoins du marché de consommation. Elles sont entre autres l’exportation de ce produit, la promotion du gapal séché et la priorisation de celui raffiné pour faciliter la consommation.
Demba Ka BARRY
