Il fait partie de ces jeunes créateurs de mode qui forcent l’administration à travers la qualité de leurs créations. Propriétaire de la maison de couture « Fulg Design », Fulgence Batiébo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se démarque par ses confections à base des tissus locaux. Un parcours atypique qui a commencé depuis 1997, qu’il nous raconte au cours d’un entretien effectué au sein de notre rédaction, tout en soulignant ses projets dans ce secteur de la mode.
Infos Culture du Faso (ICF): Dites-nous qui est Fulgence Batiébo pour nos lecteurs ?
Fulgence Batiébo (FB): Comme vous l’avez déjà dit, je suis Fulgence Batiébo. J’évolue dans la mode. Mon atelier est dénommé « Fulg Design » basé à Tampouy (Ouagadougou). Je suis également vice Président de l’Association des Jeunes Couturiers du Kadiogo (AJCK).
ICF: C’est quoi la mode selon vous ?
FB: La mode est la valorisation de l’art vestimentaire selon les tendances. C’est-à-dire valoriser ce que l’on porte. De façon simple, c’est l’art de s’habiller.
ICF: Comment êtes-vous arrivé dans ce métier ?
FB: J’ai toujours été passionné de la couture. Ainsi, Après que j’ai arrêté mes études scolaires en classe terminale, j’ai entrepris de me concentrer uniquement sur cette passion. Cela dit, j’exerce ce métier depuis 1997.
En effet, quand j’étais encore à l’école, je pratiquais parallèlement la couture. Je suis passé dans près de cinq ateliers de couture jusqu’à ce que J’ai le mien en 2013, appelé « Fulg Design ».
ICF: Quel est votre domaine d’intervention dans la couture? Dame, homme ou mixte ?
FB: Je fais la couture mixte tout comme mon patron.
ICF: Parlez-nous de vos créations ? Qu’est-ce qui fait leur particularité par rapport à celles des autres ?
FB: La particularité de mes créations est que mes confections sont faites à base des tissus locaux. Moi, je ne copie pas une confection, je m’inspire d’une confection en créer une autre. La plupart des temps, je réfléchis sur une nouvelle confection la nuit et souvent l’idée d’une nouvelle création vient de là. Le métier demande un perpétuel renouvellement de création.
ICF: Qui est votre référence dans le secteur de la mode et pourquoi ?
FB: Ma référence vous le connaissez, il est bien connu à travers son festival, le Salon nternational du Prêt-à-Porter Africain de Ouagadougou (SIPAO). C’est bien-sûr le styliste modeliste burkinabè Ide MAVA.
ICF: Avez-vous pris part à des événements de mode ou obtenu des prix ? Si oui, Parlez-nous en ?
FB: Des événements, j’en ai participé et même eu des attestations.
ICF: Rencontrez-vous des difficultés qui empêchent votre carrière de décoller véritablement ? Lesquelles ?
FB: Les difficultés sont nombreuses mais celle dite majeur demeure l’accès au financement. Quoi qu’on dise, si vous n’avez pas un financement, il est difficile que vous évoluez rapidement. Les besoins peuvent être abondants, par contre si vous n’avez pas les matériels pour honorer ces demandes, cela peut évidemment réduire la clientèle. A cela s’ajoute la difficulté liée à la main-d’œuvre. Il n’y a pas de jeunes qualifiés en la matière, d’où le besoin pour eux de passer par la formation.
ICF: Quels sont vos projets à court et moyen terme en ce qui concerne ce métier ?
FB: Je souhaite participer à la fin de cette année au SIPAO. Je souhaite également un jour être un grand styliste international capable d’organiser des festivals internationaux de mode.
ICF: Au vu de l’étape actuelle de votre carrière, avez-vous des motifs de satisfaction ? Et pourquoi ?
FB: Le métier est tout d’abord ma passion. Pratiquer un métier que vous aimez est une satisfaction car, tout ce que vous allez faire sera accompagné d’une joie. A mon niveau, j’arrive à subvenir à mes besoins grâce à la mode. Juste dire que la couture nourrit pleinement son homme. A ce jour, J’ai pu mettre à la disposition de mes clients une boutique de mes confections.
ICF: De façon générale, que pensez-vous de la mode au Burkina Faso ?
FB: La mode n’était pas l’affaire des Burkinabè jusqu’à 2015. C’est à partir de cette date qu’ils ont commencé à s’intéresser à l’art vestimentaire. Ils ont compris en ce moment la leçon de Thomas Sankara, celle de voir une tendance de Faso dan-fani côté autorités et citoyens lambda. C’est pourquoi je dis que le Burkinabè s’habille bien maintenant. Reste à voir s’ils vont davantage valoriser ce style vestimentaire.
ICF: Quelles doléances avez-vous pour l’État vis-à-vis de la mode ?
FB: l’État doit diversifier les financements du côté de la mode. Il doit également travailler de sorte à rendre accès à l’information concernant les financements. En fait, on apprend souvent trop tard les annonces faites sur les financements; pourtant nous en avons besoin pour le lancement de nos projets.
ICF: Nous sommes à la fin de notre entretien, quel est votre mot de fin ?
FB: Les stylistes burkinabè doivent être des ambassadeurs de leurs propres créations. S’habiller bien doit venir de nous-même stylistes afin que les autres puissent suivre la cadence. Un styliste qui porte ses propres confections laisse des traces d’admiration du côté de la clientèle. Du reste, je salue Infos Culture du Faso pour le travail qu’il fait pour la culture burkinabè. Je vous suis quotidiennement et votre travail est bien pour moi. Je ne peux que souhaiter force et lumière pour votre journal.
Interview réalisée par Modou TRAORÉ (stagiaire)