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M’Ba Bouanga: « Laadowood va coûter 3 milliards, mais, jusque-là, je n’ai reçu aucun financement même pas 100 000 Fcfa »

En 2019, M’Ba Bouanga avait levé le voile sur son projet de construction de «Laadowood», un grand complexe de production de films. À l’époque, il avait eu toutes les félicitations et les encouragements de la part des Burkinabè d’avoir porté un tel projet très ambitieux pour le cinéma national. Aujourd’hui, quatre années après son annonce, silence radio. Pour cela, une équipe d’Infos culture du Faso a,le mercredi 27 décembre 2023, été reçue par M’Ba Bouanga qui se nomme à l’état civil, Hippolyte Ouangrawa, dans son bureau pour un entretien afin de comprendre ce silence et son appréciation sur le cinéma burkinabè.

Infos culture du Faso (ICF): Pouvez-vous nous dire qui est M’Ba Bouanga loin des écrans ?

M’Ba Bouanga (MB): je suis Tiraogo Jean Hippolyte Ouangrawa à l’état civil. Je suis directeur de « théâtre espoir », je suis le fondateur et le promoteur de laadowood, un très grand projet qui me tient à cœur. J’ai dit d’ailleurs depuis notre rencontre avec la presse que je mets ce projet dans la main de Dieu qui a fait le ciel et la terre.

ICF: Qu’est-ce qui fait votre actualité en cette fin d’année 2023 ?

MB: Nous avons créé des pièces théâtrales avec nos partenaires qui veulent que celles-ci puissent changer la mentalité de nos parents, de nos frères et sœurs qui vendent des terrains comme des pains de singe et du bissap. Chose qui ne sert à rien que de pénaliser la génération future qui attend des terrains et des terres pour vivre dans la paix et dans l’harmonie.

ICF: Selon vous, que faut-il au cinéma burkinabè pour être compétitif à l’échiquier international ?

BM: Le cinéma est un grand pilier de l’histoire d’un pays. Les films de 1960 et de 1980 sont ceux-là qui ont marqué le temps, qui ont arrêté le temps de la ségrégation. Ce sont des hommes et des femmes et toute une culture ensemble, qui ont figé le temps. Actuellement, le cinéma burkinabè doit continuer avec les partenaires à se donner les moyens afin qu’ensemble, nous puissions arrêter le temps, faire le temps pour la génération future. Le cinéma burkinabè manque de moyens.

ICF: Etes-vous satisfaits du positionnement actuel des films burkinabè sur l’échiquier mondial ? Autrement dit, pensez-vous que le cinéma burkinabè est concurrentiel sur le plan international ?

MB : Si une femme qui connaît faire des beignets et si elle n’a pas de la bonne farine et de la bonne huile, il est difficile pour elle de vendre ses galettes à l’extérieur. Autrement dit, si vous n’avez pas les moyens, il est très difficile de faire de bons films qui seront compétitifs à l’international. Le cinéma n’est pas seulement pour prendre une caméra et commencer à capter des images. Un bon film nécessite des meilleurs réalisateurs, des meilleurs comédiens, des meilleurs sons et lumières et surtout des meilleurs scénaristes.

Si tout cela n’est pas réuni, vous ne pouvez pas faire un bon film. Je pense que si nous travaillons à donner les moyens à nos réalisateurs qui vont prouver leurs talents ici au Burkina avant de se repositionner à l’international. Sans les moyens, c’est impossible de faire du bon cinéma. Je suis désolé, ce n’est pas moi qui le dis, c’est une réalité.

ICF) Où en êtes-vous avec votre projet cinématographique Laadowood, quatre ans après son annonce ?

MB : Laadowood est un grand projet. Le terrain est là, il manque actuellement les matériels pour dire que c’est là, laadowood. Je pense que l’année prochaine, je vais construire un ou deux bâtiments de mes propres fonds pour commencer. Ils vont peut-être dire que je suis sérieux et ceux qui me croient m’aideront peut-être avec une tonne ou deux tonnes de ciment, de la peinture. Il faut dire que jusque-là, je n’ai pas eu de financement ni de sponsors, mais je reste ferme sur ce projet, l’année prochaine des infrastructures vont pousser, tout comme mon centre de théâtre « Espoir » qui n’a eu aucun financement pour sa construction.

ICF: Pouvez-vous nous dire le taux de sa réalisation actuelle ?

MB: Ils diront un jour voici Laadowood avec toute sa splendeur. Cela va coûter 3 milliards mais jusque-là, je n’ai reçu aucun financement même pas 100 000 FCFA. Malgré cela, je vais le réaliser et j’ai confiance.

J’ai remarqué que chez les Burkinabè, ils aiment ce que tu fais, mais ils ne peuvent pas t’aider à réaliser tes projets. Ce que j’ai aussi compris, ils volent tes idées, ils profitent de tes idées, mais ils ne pourront pas t’aider à réaliser tes rêves. Je vais construire Laadowood, je vais même plus compter sur quelqu’un.

ICF: Les Burkinabè et les Africains en général attendent avec impatience ce grand projet. Qu’est-ce qu’il vous faut pour accélérer sa réalisation ?

MB: Depuis 2019, j’ai annoncé ce projet, personne ne m’a écouté. Je pense que je ne dirai plus rien, je vais réaliser ce projet moi-même. Je suis allé même vers le gouvernement au moins 4 à 5 fois, ça n’a rien donné. Donc, ça suffit, je le ferai moi-même. Les Burkinabè veulent voir avant de croire.

ICF: Avez-vous des difficultés que vous souhaitez nous faire part par rapport à la concrétisation de ce projet ?

MB: Les difficultés que je rencontre sont comme des opportunités de cheval de bataille pour moi. Les obstacles, je les broie et nul ne peut m’arrêter encore.

ICF: Souhaitez-vous adresser un message aux autorités de la transition plus particulièrement les autorités en charge de la culture ?

MB: C’est un État fort qui est en train de commencer. C’est également un État qui est en train de se mettre en place pour que les Burkinabè puissent vivre dans la quiétude. Nous devons prier Dieu pour les autorités de la transition. Si c’était pour eux-mêmes, ils n’allaient pas se battre ainsi, ils se battent pour nous tous.

Nous sommes alors de leur côté pour combattre, pour se battre pour la génération future. Ils ont pris le javelot et la lance et ,nous ,nous allons prendre même si ce sont de petites pierres que nous allons jeter. Bref, nous allons tout mettre en œuvre pour que la Transition puisse donner un nouveau visage du Burkina Faso.

ICF: Nous sommes pratiquement à la fin de notre entretien, quels sont vos vœux pour la nouvelle année ?

MB: Nous demandons à Dieu de bénir et de donner encore la force à nos Forces de défense et de la Sécurité (FDS). Eux aussi, ils veulent rester avec nous fêter, mais pour notre sécurité, ils sont en brousse pour combattre les forces du mal. Pour le peuple burkinabè, je lui souhaite pardon. Nous ne pouvons pas souhaiter la paix s’il y a l’égoïsme à côté. Il faut qu’on se pardonne et avoir l’amour du prochain.

Interview réalisée par Modou Traoré

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