ven 22 novembre 2024

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Moss AYA : «10 ans, 20 ans, 30 ans …sans revoir les siens et le pays »

Ce bassiste d’origine camerounaise raconte dans sa chanson «Parti pour toujours», une histoire vécue. Nous l’avons rencontré via les nouveaux canaux de communication depuis la France où il réside. Il nous parle de sa musique et surtout des conditions dans lesquelles, il a goupillé ce tube..

– Comment vous est né un tel projet musical ?
L’idée de ce morceau m’est venue du fait que je connais plusieurs personnes qui n’ont plus mis les pieds dans leur pays depuis 10 ans, 20 ans voire 40 ans. Certains, parce qu’ils ont raté leur vie, d’autres pour je ne sais quelle raison alors qu’ils ont bien réussi leur vie. J’en connais même certains qui n’avaient plus mis les pieds au Cameroun depuis 45 ans, mais qui donnaient l’impression de bien connaitre le pays. Car ils s’abreuvent des informations qu’ils reçoivent de ceux qui vont au pays.

– Est-ce une histoire vécue de l’auteur que vous êtes ?
Je dirais oui en partie. Entre mon arrivée en France et la fin de mes études supérieures, j’ai d’abord fait 20 ans sans remettre les pieds au Cameroun. Ce n’était pas de ma faute car je n’avais pas les moyens de rentrer. Dès que j’ai eu mon premier travail je me suis empressé d’acheter un billet d’avion pour aller au pays. Ensuite vint une période où j’allais au pays seulement pour des décès de mes proches. Enfin plus tard, j’ai renoué complètement le contact avec mon pays d’origine. Actuellement, j’y vais plusieurs fois par an. J’ai même des responsabilités de chef de famille.

– Parlons maintenant de votre vidéogramme. Les personnages du clip sont-ils des membres de votre famille ?

En effet, les personnages du clip tourné en aout et décembre 2018, sont pour la plupart des membres de ma famille. Cela donnait ainsi un caractère authentique au tournage car ces sentiments liés à l’éloignement, nous les avions vécus pour de vrai. Les rôles de mon père et de ma mère ont été joués par mon cousin et son épouse. Les rôles de mes frères et sœurs étaient joués par mes neveux, c’est à dire les enfants de mon cousin. Le rôle de Moss Aya jeune étudiant quittant son pays a été joué par un de mes neveu

– L’immigration est récurrente en Afrique. Comment peut-on dissuader les africains à ne pas quitter clandestinement leur pays?
On s’éloigne un peu du thème de la chanson qui était les sentiments liés à l’éloignement de sa terre natale. Je suis un artiste pas un économiste ni un politicien. Je vais néanmoins répondre à votre question. Si on s’adresse à un candidat migrant qui ne sait pas qu’il a de grandes chances de périr en mer et de passer de très mauvais moments dans les pays qu’il va traverser, on peut lui parler des risques qu’il encoure avec des chiffres à l’appui. Si on s’adresse à un individu qui connaît déjà les risques, la situation devient grave. C’est quelqu’un qui ne croit plus à grand-chose. Dans ce cas de figure, il n y a pas grand-chose à faire si ce n’est de s’attaquer au problème à la source : les gens veulent quitter le pays parce qu’ils n’ont pas de travail et n’y voient pas d’avenir. Toute perspective d’évolution dans leur vie semble impossible. Le pays doit créer les conditions pour que les gens trouvent du travail ou puissent créer leur activité. Ainsi beaucoup moins de gens auront envie de quitter le pays au péril de leur vie.

– Quel est le regard que Moss porte sur les embarquements de fortune qui périssent aux portes de l’Europe en mer?

Cette situation tragique envoie un message aux pays riches: il est temps de passer à ce que j’aime appeler «le co développement », notamment, les échanges et le commerce gagnant-gagnant avec les pays en de voie développement. Ce modèle qui consiste pour un continent à bâtir sa prospérité à travers les échanges non équitables avec le continent voisin montre ses limites. Le voisin exploité vient par instinct de survie frapper à la porte de celui qui l’exploite.

– Vous êtes africain, vous vivez en Europe et vous chantez sur l’immigration. Comment comptez-vous faire entendre vos tubes en Afrique?

Je préfère souligner que ce morceau portait sur le thème des sentiments liés l’éloignement de sa terre natale et non sur l’immigration à proprement parler. Je crois que mon parcours me place au cœur du sujet bien plus que si je n’avais jamais quitté ma terre natale. Ma situation va me permettre de traiter plusieurs aspects de ce sujet. J’ai encore des choses intéressantes sur d’autres aspects en rapport avec cette thématique dans deux autres morceaux. Suivez le lien pour visionner le clip https://youtu.be/x3RCtAsfOpg

Fabrice Parfait Sawadogo

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