Le musée communal Sogossira Sanon de Bobo Dioulasso, ce temple de conservation du patrimoine culturel du Burkina est situé au centre de la ville de Sya juste à côté du rompoint des sept (07) voies, entre le pied à terre du président du Faso et la gendarmerie. Dans l’objectif de découvrir et faire découvrir l’institution, infosculturedufaso.net s’est entretenue le lundi 26 avril 2021, avec la conservatrice du musée, Gnigni Téné née Ouane. Ce fut l’occasion pour elle, de présenter l’enceinte, ses objectifs et les difficultés qui handicapent son bon fonctionnement.
Au départ, l’initiative a été portée par trois communautés vivants à Bobo Dioulasso depuis le temps colonial. Il s’agit des communautés, Bobos, Senoufo et Peulhs, qui, en synergie d’actions, avaient décidé de mettre en place ce musée, dont l’ouverture officielle est intervenue le 26 mars 1990 à l’occasion de la 5ème édition de la semaine nationale de la culture (SNC), sous l’appellation, « musée provincial du Houet ». L’objectif de ces communautés étaient, de permettre aux générations futures de connaitre les richesses laissées par les aïeux, notamment, retracer l’histoire avec les colons français. Au fils des années, l’initiative, assez salutaire, a été soutenue par l’état burkinabé, qui a décidé, le 17 mai 2011 de confier la gestion de l’édifice à la commune de Bobo Dioulasso. C’est ainsi que le musée change de nom, pour devenir « Musée Communal Sogossira Sanon de Bobo Dioulasso ».
Depuis lors, la commune de Bobo Dioulasso, s’est investie dans la conservation et la valorisation de l’histoire des communautés. Au départ, il était uniquement question de conserver le patrimoine culturel de la région de l’ouest, mais aujourd’hui, affirme la conservatrice, Gnigni Téné née Ouane; « avec le transfert à la mairie, le musée Sogossira Sanon, conserve les archives et autres objets culturels qui représentent la quasi totalité de toutes les ethnies du Burkina Faso ». À l’entendre, le musée communal Sogossira Sanon est ethnographique. C’est à dire, représentatif de plusieurs communautés, notamment les ethnies étendus à tous le burkina. C’est dire, selon elle, que chaque visiteur qui y pénètre, ressort garnie en enseignement sur le comment vivre en fonction de la vie menée par leurs grands parents et surtout, comment amener son environnement immédiat à faire mienne, la tradition des devanciers, condition sine ne qua non pour un bien meilleur devenir. « Nous allons sur le terrain pour faire des collectes, mais il arrive que des personnes nous apporte un objet, soit en don ou en vente », martèle la directrice qui affirme ceci; « avec les moyens pas souvent disponibles, on est contraint de prendre un bon moment afin de réagir ».
Le musée Sogossira Sanon, maillon du développement socioculturel et économique
Le Musée Communal Sogossira Sanon de Bobo Dioulasso occupe une place importante tout comme les institutions culturelles qui apporte une pierre au développement culturel du Burkina, affirme Gnigni, qui dit être convaincu, qu’Il faut repartir à la source pour comprendre comment les ancêtres vivaient , fonder sa vie sur cette base et voir comment évoluer. C’est essentiellement ce que nous faisons, dit-elle avant d’expliquer; « nous apprenons l’importance aux jeunes sur la nécessité de revenir à la source afin qu’ils puissent préparer leurs avenir en tendant compte de la tradition. Cela se passe, selon la première responsable, à travers l’es sensibilisations, les animations dans la cour du musée et autres actions de nature à inciter les jeunes à s’intéresser au musée.
Comment avoir accès au musée ?
Le musée communal de Bobo Dioulasso, informe la directrice, est accessible pour les nationaux selon des prix qui varient entre 200 FCFA 1000 FCFA pour les expatriés. « Notre mission essentielle, ce n’est pas directement le financier, l’objectif c’est de faire découvrir les richesses culturelles du Burkina », soutient-elle. Les gens ne comprennaient pas, avec l’effort des techniciens du musée, des stratégies ont été mise en place pour que la done change, au lieu que ça soit les étrangers seulement qui viennent visiter nos œuvres, nous sommes à un niveau où, nous nous accueillons des groupes de nationaux qui viennent visiter les lieux fréquemment, témoigne la conservatrice Gnigni Téné née Ouane. Selon elle, les statistiques en 2019 indiquent plus de 8000 visites, en 2020, malgré le COVID-19, le musée a reçu plus de 6500 visiteurs essentiellement des jeunes élèves et étudiants, des adultes nationaux avec quelques expatriés. Et durant les 04 premiers mois de l’année 2021, ils sont à environs 3700 visiteurs.
Difficultés de collectes et de conservations
« Quand on part à la collecte, il faut avoir les moyens d’amener les objets, il faut les moyens pour les sorties terrains, lorsque nous arrivons à amener des objets , il y’a plusieurs étapes. Nous les mettons en quarantaine , un objet nouvellement arrivé au musée ne peut pas intégrer rapidement le grand groupe, il faut l’isoler , l’observer, faire des inspections et voir s’il n’est pas malade, le soigner, le traiter, le débarrasser de toutes infections et , ensuite l’intégrer. Nos réserves ne sont pas en bon état ! La commune a tout mis en œuvre pour résoudre le problème. Malheureusement, le problème demeure. Nous avons encore demander à nos techniciens à travers notre direction pour qu’ils nous aide dans ce sens, », raconte la chargée de conservation.
« Lorsqu’une pluie tombe, l’eau coule sur nos réserves », renchérit-elle avant d’évoquer le problème de la climatisation, et la difficulté pour bien ranger les objets à cause des normes de rangements qui ne sont pas respectées. Alors que sa mission première, c’est conserver tout ce qui peut témoigner de l’histoire du Burkina Faso, le musée communal de Bobo Dioulasso reste dans une situation délicate. Gnigni Téné née Ouane, a fait le vœu de voir la situation s’améliorer, notamment, avoir un budget pour renouveler les expositions, du matériels techniques pour l’entretien des objets, des moyens roulant pour les collectes et aller vers le public, et surtout, parvenir à rénover le bâtiment principal rénové afin de pallier au problème d’étanchéité qui favorise l’écoulement des eaux dans les réserves du musée.
Pour ce faire, le musée dit compter sur l’accompagnement du ministère en charge de la culture, de la commune et des bonnes volontés, car, le musée a plein de projets innovant pour mieux valoriser la culture et faire plaisir au public mais les moyens pour les réaliser font défaut, soutient la conservatrice. En rappel le Musée Communal Sogossira Sanon de Bobo Dioulasso a reçu les vives félicitations du ministère de la culture du Burkina Faso, pour s’être illustré en 2020 avec 6319 visiteurs enregistrés, un rendement fort appréciable qui a été salué par les autorités qui ont renouvelé leurs disponibilités à accompagner l’institution. Cela tombe bien, puisque le musée crie à la difficulté, le ministère est donc interpelé afin de mettre à la disposition de la maison, les moyens nécessaires pour la conservation et la promotion de tout ce qui peut témoigner de l’histoire des communautés de l’Ouest et du Burkina Faso de façon générale.
Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO