mar 23 avril 2024

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Protection du patrimoine culturel : Zoom sur la direction de la conservation et de la promotion du patrimoine culturel

Logée au sein de la Direction générale du patrimoine culturel (DGPC), la direction de la conservation et de la promotion du patrimoine culturel est une des directions techniques la plus importante dans la mise en œuvre de la politique nationale du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, en termes de sauvegarde et de protection du patrimoine culturel. Et pour y arriver, les initiatives ne font pas défaut, à l’image du projet de renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso. De passage dans nos locaux, Bely Hermann Niangao, premier responsable de cette direction technique, a tenu à faire la lumière sur ce projet, et par la même occasion, faire un zoom sur les missions de ladite structure.

Infos Culture du Faso (ICF) : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs s’il-vous-plait.

Bely Hermann Niangao (BHN) : Je me nomme Bély Hermann Abdoul Karim Niangao, directeur de la conservation et de la promotion du patrimoine culturel. Cela fait pratiquement un an que je été nommé à la tête de cette direction.

ICF : Vous êtes à la tête de cette direction, pouvez-vous nous la présenter brièvement ?

BHN : Il faut dire que la direction de la conservation et de la promotion du patrimoine culturel est l’une des quatre directions techniques de la Direction générale du patrimoine culturel, qui elle-même est une direction centrale du ministère en charge de la Culture, des Arts et du Tourisme. Cette direction technique est composée de deux services : le service des études et de la promotion, et celui de la conservation.

ICF : Quelles sont les principales missions affectées à votre direction ?

BHN : En termes de missions, je dirais que nous avons en charge le suivi des actions de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel. Et quand on parle de patrimoine culturel, il y a le pan matériel et immatériel. Et dans cette dernière catégorie, il y a les pratiques, expressions, les représentations ainsi que les connaissances et savoir-faire avec tout le patrimoine mobilier qui leur servent parfois et souvent de supports matériels. Cette sous-direction a aussi en charge le suivi de la réglementation pour ce qui concerne la protection du patrimoine culturel. Et à ce niveau, deux volets sont à distinguer : nous suivons et vérifions l’application de la législation nationale d’une part et d’autre part, nous veillons à ce que les engagements internationaux auxquels le Burkina Faso a souscrit dans le domaine du patrimoine culturel soient aussi observés en droit interne. Nous avons également pour mission de donner notre avis technique sur tous les travaux qui concernent le patrimoine culturel des communautés. Et pour terminer, nous sommes un maillon essentiel dans la conduite des processus d’inscription des biens culturels nationaux les plus importants sur les listes internationales du patrimoine culturel.

ICF : De façon simple, quelle définition pouvez-vous donner au patrimoine culturel en général et au patrimoine culturel immatériel en particulier ?

BHN : Le patrimoine culturel immatériel est une des composantes du patrimoine culturel qui comprend comme je l’ai dit tantôt les aspects matériels et les aspects immatériels. Mais tel que cela est défini par la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, c’est l’ensemble des pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire dans divers domaines de la vie des peuples. Les représentions, c’est par exemple notre façon de voir le monde, les expressions (danse, langue, etc.), les pratiques (rituels, les coutumes, etc.), mais aussi les objets culturels (autels sacrificiels, les lieux de cultes et tout leur environnement). Il faut préciser au passage que ce patrimoine culturel immatériel doit être conforme aux droits de l’homme, tels qu’ils ont reconnus au niveau international. Et pour parler de l’autre composante, il s’agit du patrimoine culturel matériel qui est la parie tangible du patrimoine culturel. Là, il est question de tout ce qui est bien culturel gardé au sein des musées, et qui relève du génie de nos peuples : c’est le patrimoine culturel mobilier. Vous avez aussi le patrimoine culturel immobilier constitué des monuments, des paysages, des sites, etc.

Cependant, pour qu’un bien culturel devienne patrimoine culturel, il faut qu’on reconnaisse tout d’abord qu’il fait partie de notre héritage, et qu’on ait envie de le transmettre de génération en génération. C’est à cette condition qu’il devient patrimoine culturel.

ICF : Quels sont les défis à relever au niveau de votre département ?

BHN : Au niveau de notre direction, le défi majeur à l’heure actuelle, c’est la mise en œuvre du projet de renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel que nous avons avec l’UNESCO. Mais à côté, nous avons également la révision de la loi 024 sur le patrimoine culturel.

ICF : Parlant bien-sûr de ce projet de renforcement des capacités qui fait l’actualité au niveau de votre direction technique, de quoi s’agit-il réellement ?

BHN : Il faut dire que ce projet intervient après la mise en œuvre d’un précèdent projet avec l’UNESCO qui a concerné l’inventaire du patrimoine culturel tel que défini précédemment, mais sur ses aspects immatériels et qui s’est déroulé entre 2014-2017. Ledit projet a permis de faire l’inventaire de tout ce qui était pratique, expression, savoir, connaissance, etc. du Burkina Faso. A la fin de ce projet on a pu dénombrer 1492 éléments (car c’est ainsi que la Convention de 2003 veut qu’on appelle les biens culturels immatériels) considérés comme les plus représentatifs pour cette première étape. Par la suite, avec l’UNESCO, nous nous sommes dit est-ce qu’il ne serait pas important de constituer un vivier d’acteurs nationaux qui vont contribuer à la mise en œuvre, dans un premier temps de la Convention de 2003 au Burkina Faso, mais aussi d’être des acteurs qui vont contribuer à sauvegarder et à promouvoir ces 1492 éléments inventoriés. Et c’est l’esprit même de ce nouveau projet avec l’UNESCO.

ICF : Et quels sont les acteurs qui verront leurs capacités renforcées à travers ce projet?

BHN : Ce projet concerne un très grand nombre d’acteurs intervenant dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, repartis sur l’ensemble du territoire national. Et dans l’esprit de la convention de 2003, c’est de faire en sorte que les communautés, à la base, soient impliquées le plus possible dans ce projet. A ces communautés (qui ont d’ailleurs besoin d’être encadrées), nous avons entre autres le personnel de l’administration, les acteurs au niveau local (les collectivités territoriales), la société civile, les ONG, et d’autres acteurs relevant de structures publiques et dont la participation est jugée nécessaire.

ICF : En ce sens, quels sont les grands axes et articulations de ce projet ?

BHN : A ce niveau, il faut préciser que ce projet de renforcement de capacités s’articule à un double niveau. Il y a d’abord la formation des formateurs pendant la première année. Et ensuite, à la deuxième année, ces formateurs se chargeront de former les acteurs de façon globale sur le territoire national. Et l’enjeu majeur de ce projet, c’est de faire en sorte que les populations, à la base, se familiarisent avec le contenu de la convention de 2003 dans ses différents aspects qui concernent la mise en œuvre des inventaires participatifs, les plans de sauvegarde, le développement durable et qui constituent d’ailleurs les principaux sujets de cette formation.

ICF : La mise en œuvre d’un projet comme celui-ci nécessite des moyens conséquents, quelle lumière pourriez-vous apporter à ce niveau ?

BHN : Justement à ce niveau, il s’agit d’une double participation. Du côté de l’UNESCO, c’est une subvention qui s’inscrit dans le cadre général de la coopération et de l’assistance internationales reconnues par la convention de 2003. Et de ce fait, nous avons la possibilité comme tous les autres pays, de demander l’aide de l‘UNESCO pour la mise en œuvre de certains projets qui rentrent dans le cadre des politiques au niveau international en matière de patrimoine. Et comme je l’ai dit, l’UNESCO accepte de le faire, mais au pays concerné d’apporter également sa contribution. Donc vous verrez que dans le plan de financement, il y a d’une part la contribution de l’Etat burkinabè, mais aussi celle de l‘UNESCO. Et le budget global tourne autour de 240 millions de francs CFA. A l’étape actuel de mise en œuvre du projet, nous envisageons le lancement des sessions de formations des formateurs à partir du 23 août prochain. Il s’agit d’une série de quatre sessions de formations à laquelle nous avons ajouté une cinquième afin d’essayer de faire une synthèse des quatre premières. C’est l’occasion pour nous d’inviter les acteurs retenus qui sont au nombre de 110, à se familiariser avec les outils qui vont leur être dispensés au cours des différentes sessions.

ICF : Pour revenir un peu à la gestion de votre direction technique, quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?

BHN : Vous savez, il y a beaucoup de difficultés qui affectent l’atteinte des objectifs, au nombre desquelles nous pouvons peut-être évoquer le renforcement régulier des capacités du personnel. Mais tout cela est lié au problème majeur de l’insuffisance des ressources financières affectées au ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme de manière générale. Ce qui impacte la mise en œuvre de certains projets. Et il arrive qu’au ministère de la culture, on veuille budgétiser par exemple des dépenses nécessaires sur le terrain et qui sont parfois incomprises par les financiers. Il y a donc un travail de sensibilisation à faire pour qu’on apprenne qu’au niveau de la culture de façon générale, et du patrimoine en particulier, il y a des choses qui doivent être prises en compte sur le terrain qui sont obligatoires d’un point de vue culturel et sociologique mais qui ne sont pas éligibles pour l’administration financière. Et c’est là tout le sens de notre combat.

ICF : Si vous aviez l’occasion de laisser un mot à l’endroit des décideurs politiques afin d’améliorer les choses, que diriez-vous ?

BHN : C’est de doter le domaine de la culture et du tourisme de budgets suffisants à même de leur permettre de se développer pour pouvoir démontrer aussi leur importance socio-économique. Si on veut que la culture produise, il faudra d’abord y injecter des fonds pour lancer le secteur. Car comme on aime à le dire, tout part de la culture. Quand on prend aujourd’hui certains pays comme ceux de l’Asie, il y a toujours un fond culturel dans leur développement. Ce qui doit impérativement nous interpeller. Pour terminer, je dirais que la culture est l’une des ressources inépuisables et donc nous avons tout intérêt à nous fonder là-dessus pour inventer le développement conforme à nos aspirations les plus légitimes.

ICF : Votre mot de fin

BHN : Le mot de fin, c’est de vous dire merci pour l’accompagnement. Nous espérons que cette collaboration puisse continuer pour le rayonnement de la culture burkinabè. Mes remerciements vont également à l’endroit de mes collègues et collaborateurs qui sont impliqués dans le travail quotidien pour l’atteinte de nos objectifs. Bien qu’étant le directeur technique, je ne suis que la partie visible de l’iceberg.

Interview réalisée par Boukari OUEDRAOGO

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