ven 26 avril 2024

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INTERVIEW: « Je me suis lancée dans la formation des femmes aux métiers de la scène, qui sont dits réservés aux hommes », Laure GUIRÉ, comédienne

Faite en cette fin d’année 2020, chevalier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe arts, Laure GUIRÉ est une comédienne, conteuse et metteur en scène burkinabè. Véritable amazone du monde théâtral, elle officie également dans le cinéma en tant qu’actrice. Pour parler de sa carrière professionnelle, ce monument du monde culturel burkinabè a accepté de nous accorder un entretien.

Originaire de Diapaga, dans la région de l’est du Burkina Faso, la passion de cette grande dame du théâtre burkinabè débute dans les années 1996. « Cette passion est née à partir d’une pièce qui traitait des problèmes sociaux des banlieues en France que j’ai suivie suite à une invitation de certains grands frères du quartier à savoir Seydou DIALLO et Adama BARRY, au Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou (FITMO). Un spectacle qui m’a marqué à tel point que j’ai fait part à ces aînés, mon désir de faire le théâtre. Ils m’ont ensuite conduite au Feu professeur Jean Pierre GUINGANÉ qui a décidé de m’intégrer à sa troupe <<le Théâtre de la Fraternité >> », a-t-elle expliqué.

Déjà étant au sein de cette troupe, Laure GUIRÉ recevait à l’instar de ces collègues, des formations de la part de Feu professeur GUINGANÉ. Aussi, en prélude à chaque édition du FITMO, elle profitait également de formations (le jeu d’acteur et bien d’autres modules); choses qui n’ont fait que la forger davantage dans cette sphère théâtrale. Petit à petit, elle fait ses preuves jusqu’à ce qu’en 2001 quand le professeur GUINGANÉ la nomme Directrice de la radio Gambidi. Cette nouvelle aventure de bureaucrate ne dure que quelques deux bonnes années pour notre très chère GUIRÉ.

Deux bonnes années après lesquelles elle décide de marquer son retour dans la sphère théâtrale de la plus belle des manières; en effet, elle joue pour le célèbre metteur en scène Dani KOUYATÉ. Cependant, par l’intermédiaire de Alain HEMA qui l’a informée de l’ouverture d’une école appartenant à son ami Alougbine Dine à d’autres pays, elle décide de rattraper ses années passées à la radio en s’inscrivant à l’École Internationale du Bénin en vue de renforcer ses capacités et de se professionnaliser. Elle y sortira trois années après, récompensée d’un diplôme en Théâtre et d’une licence en conception et mise en œuvre de projets culturels (diplôme de l’université Aix-en-Provence de Marseille). « C’est vrai que du point de vue pragmatique, j’avais participé à plusieurs scènes mais j’avais besoin également de l’aspect théorique. Il était nécessaire d’avoir une connaissances des termes théâtraux en plus de la pratique, d’où l’importance de cette formation que j’ai bénéficié au Bénin », s’est-elle confiée.

De façon succincte, Laure GUIRÉ a participé à plusieurs pièces théâtrales au nombre desquelles nous pouvons citer <<L’Ours>> en 2014, une mise en scène d’Ildevert MÉDA; <<Trois petits vieillards qui ne voulaient pas mourir>>; <<Solitude d’André Schwart BARTE. <<Moi, fardeau inhérent>> de Guy Régis Junior en 2019, etc. Cependant, elle souligne que le théâtre burkinabè se porterait mieux s’il bénéficiait de plus de subventions. Pour elle, cet art a beaucoup de difficultés car étant différent des autres. « On ne peut pas parler d’industrie culturelle au théâtre; en fait, il est diffusé en live, c’est un art vivant. Et on ne peut pas trop compter sur les recettes générées par les entrées aux spectacles en ce sens même que les burkinabè vont rarement assister aux spectacles théâtrales. Personnellement, je souhaiterais que les espaces culturels soient financés de sorte à pouvoir permettre aux gens sans structures de venir diffuser », a mentionné Laure GUIRÉ.

Nonobstant le théâtre, Madame GUIRÉ intervient au cinéma en tant qu’actrice. D’ailleurs, elle a joué des rôles dans une infinité de films dont <<Taxi brousse>> en 2000, <<L’or de Younga>>; <<Série noire à Koulbi>>; Commissariat de Tampy>>; <<Le monde est un ballet>> tous en 2006, <<Môgô puissant>> en 2007, <<Sam le Caïd>> en 2008, etc.

En cette fin d’année 2020, Laure GUIRÉ a été élevée au rang de chevalier de l’ordre du mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe arts. Une distinction qui selon elle résume toutes ses années d’efforts et de services dans le milieu théâtral et cinématographique. « Au delà des nombreuses scènes auxquelles j’ai participé, il y a l’aspect thématique que nous véhiculons à travers ces pièces; la cohésion sociale, la lutte contre toutes les formes de violence. Ce sont des messages reçus par les gens et qui ont sans doute fait effet positif. Je crois que c’est tout celà réuni qui a poussé le ministère en charge de la culture à me faire cet honneur », nous a témoigné madame GUIRÉ tout en reconnaissant que celà n’aurait été possible si ce n’est grâce à la Confédération nationale de la culture (CNC) à travers la Fédération nationale du cinéma et de l’audiovisuel (FNCA).

Aujourd’hui, cette dame dont il question a décidé de se lancer plus dans la formation et la promotion des femmes dans les différents métiers d’arts dits réservés aux hommes, notamment la mise en scène, la régie lumière, la scénographie, les techniciennes. « Quand vous allez voire une pièce théâtrale, vous verrez très rarement de femmes au premier plan en termes de mise en scène par exemple. Donc depuis l’année dernière, nous avons initié un projet dénommé <<Femmes en création>> qui consiste à former les femmes aux métiers cités plus haut. L’objectif est qu’elles deviennent par la suite des formatrices afin de jouer aussi leur partition dans le processus d’intégration de la femme dans ces métiers », a-t-elle conclu.

Boukari OUÉDRAOGO

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