ven 26 avril 2024

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De la calligraphie à la peinture: découvrez l’entretien exclusif avec Christophe Sawadogo, artistique peintre burkinabè

Passionné par la calligraphie depuis sa tendre enfance, Christophe Sawadogo s’est vite familiarisé à l’art plastique. Il s’est donc ouvert à nous le mardi 03 Aout 2021 dans le cadre de son œuvre d’art qui a été associée pour faire l’affiche de la 27eme édition du FESPACO et aussi de sa carrière de plasticien dessinateur.

Infos Culture du Faso (ICF) : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs s’il vous plait ?

Christophe Sawadogo (CS) : Je me nomme Christophe Sawadogo, je suis artiste plasticien (peintre et dessinateur).

ICF : En quoi consiste le métier de plasticien ?

CS : Bon….on essaie d’œuvrer par la peinture ou tout autre matériau (bois, métal, bronze….), de véhiculer les émotions, les messages ou des sentiments. Pour mon cas, cela consiste à utiliser la peinture, les encres, la toile et le papier comme supports et comme matériaux principaux.

ICF : Comment êtes-vous arrivé dans ce métier et depuis quand est-ce que cela date ?

CS : J’ai commencé mes premières expositions quand j’étais à l’université. C’était à Gambidi dans le cadre du FITMO dans les années 1995. Mais j’ai commencé mon apprentissage informel depuis mes premiers amours pour la calligraphie et après quand je suis arrivé au second cycle j’ai continué de pratiquer la calligraphie, le dessin en utilisant des crayons à papier. Je peux dire que c’est par la calligraphie que je suis rentré dans les arts plastiques. Disons que j’ai eu des initiations académiques avec le professeur GUINGANE et Benjamin Raya SAWADOGO (paix à leurs âmes). Benjamin Raya était d’ailleurs peintre de profession. Après j’ai fait des stages avec des Cubains, et aussi à l’université libre de Bruxelles, à la Cambre. Je dirai qu’on se forme beaucoup plus à la rencontre des autres sculpteurs et peintres.

ICF : Avez-vous suivi des formations pour devenir ce que vous êtes aujourd’hui, si oui expliquez-nous?

CS : J’ai juste fait une formation académique en art et communication à l’université de Ouagadougou. Mais très vite, j’ai compris que l’accent y était mis sur le journalisme, ce qui n’était pas mon option. Sinon je n’ai pas suivi une école d’art où j’aurai pu avoir un diplôme; Parce-que la formation que nous recevions en Arts et Communication ne nous outillait pas assez pour la pratique des Arts, d’où les stages dans d’autres écoles.

ICF : Quelle était la réaction des proches lorsque vous avez décidé de vous lancer dans ce métier ?

CS : C’est vrai que quand on vous met à l’école ici, généralement c’est pour que vous ressortez avec un diplôme ou alors un métier conventionnel. Par exemple le métier qu’on connaît ici et qui vous donne un salaire à la fin du mois. Mais moi j’ai choisi ce que j’aimais. C’est vrai qu’au départ on ne s’est pas compris mais ce n’est pas pour dire qu’on s’est opposé à moi, certains de mes proches se sont tout de même inquiétés pour moi. La preuve qu’ils m’aiment ! Mais j’ai travaillé pour montrer qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Car on peut réussir par ce qu’on aime.

ICF : Avez-vous déjà pris part à de grands projets d’exposition ou organisé vos propres expositions ?

CS : Oui au niveau national j’ai participé à plusieurs expositions, et au niveau international aussi. D’abord dans la sous-région ici, au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie, au Maroc. Hors du continent, en Finlande, au Danemark, en France, en Hollande et en Allemagne. J’y vais dans ces pays assez souvent pour des expositions personnelles et ou collectives.

ICF : On dit souvent que pour vivre, l’artiste plasticien doit faire connaitre ses œuvres grâce à sa communication, en faites-vous autant ?

CS : Quand vous faites des expositions à un moment donné, des galeries qui sont positionnées sur le marché international, peuvent estimer que votre travail est vendable, donc elles vous invitent parce-qu’elles font des affaires, elles veulent vous vendre. Il y a des gens qui sont formés pour vendre les artistes. C’est en effet le rôle des galeristes, des agents d’arts. Je fais mon travail et s’ils estiment qu’ils peuvent le vendre, ils font sa promotion et m’invite à exposer. Car c’est assez difficile pour un artiste lui-même de faire sa propre communication. Je peux citer la galerie Arts-Z en France et la galerie Houkami en Côte d’Ivoire qui font ma promotion enfin….ma communication.

ICF : Que ressentez-vous à être la personne qui a réalisé le visuel sur l’affiche du FESPACO ?

CS : Bon…j’ai fait la peinture et le tableau, et Olivier SARE, un graphiste résidant aux Etats-Unis, qui a traduit l’affiche à proprement dit. Je dirai comme tout sentiment après avoir réalisé une œuvre….je suis content. Quand en 2017, le Printemps des poètes m’a demandé de réaliser un tableau qui servira d’affiche pour la Francophonie en 2017, j’avais ce sentiment que quelque chose réalisé dans l’intimité de l’atelier qui se retrouve à la face du monde entier. Ce que vous créez finit par être partagé. Ce n’est pas toujours facile de voir les œuvres pour lesquelles vous accordez beaucoup de temps partir. Certes, j’ai réalisé cette œuvre pour illustrer le thème de la 27eme édition du FESPACO, elle vit sa vie publique. C’est assez différent que quand c’était une tierce personne qui l’avait achetée. Tout de même, je suis fier que le FESPACO associe ma peinture dans le cadre de la promotion de cette édition.

ICF : Pouvez-vous nous expliquer un peu ce visuel sur l’affiche du FESPACO ?

CS : Sur mon dessin, on aperçoit une dame (Yenenga) sur un cheval, de sa main droite elle indique devant elle, l’avenir. Toujours sur l’image, elle se retourne pour regarder derrière elle, elle et le cheval lorsque ce dernier s’est cabré comme nous le dit le conte. Regarder en arrière pour moi, c’est faire référence au passé, à l’histoire tout en parlant de sa lance au sol, ici et maintenant. C’est pour illustrer le thème de cette édition du FESPACO, Cinéma d’Afrique et de sa diaspora, nouveaux regards, nouveaux défis : c’est en s’inspirant de notre histoire, en disant, c’est dans le présent que le cinéma fera de meilleures projections dans l’avenir. En parlant de nos réalités, le cinéma n’est pas seulement ce que nous regardons mais aussi ce qui nous regarde. En partant de ce constat, j’associe l’image des trois temps forts de la création (passé, présent et avenir) à celle du trepied de la caméra. Le nouveau regard que doit porter le cinéma, c’est comment encrer la création cinématographique sur nos réalités. Que ce soit les réalités. Que ce soit les réalités du passé, du présent et de l’avenir pour nous libérer du flot d’images venues d’ailleurs qui ne reflètent pas forcement nos vécus, nos imaginaires. Le cinéma peut valoriser nos cultures, nos réalités, nos aspirations, ce continent, sa diaspora ont des problèmes de migration par exemple, des crises mettent en péril l’avenir de la jeunesse aujourd’hui, des raisons d’espérer de construire peuvent être montrées sur nos écrans. En conclusion, je me suis basé sur l’histoire de Yennenga et de Rialé qui est une histoire de rencontre d’amour, comme on peut en rencontrer d’ailleurs, comme dans le cinéma qui est une question de rencontre, les acteurs, les comédiens sont issus de divers horizons.

ICF : Comment l’artiste vit-il de son art ?

CS : De mon art. C’est à travers des expositions que les galeristes trouvent des marchés pour nous. On vend nos œuvres aussi à l’atelier. Avec les galeristes, nous fixons nos prix et eux, ils ajoutent une marge, leur pourcentage. Ils ont leur public et s’engagent à vendre nos œuvres à leurs clients. Les pourcentages vont de 40% à 50% des ventes une part pour l’artiste et une autre pour la galerie. Mais c’est assez dommage de voir que 90% de nos œuvres sont achetées par les occidentaux.

ICF : Quel conseil pour ceux qui comptent se lancer dans ce métier ?

CS : Il y en a qui viennent par passion et d’autres « pour se faire l’argent rapidement », certains pour des raisons que j’ignore. C’est vrai qu’au départ, j’ai pratiqué d’autres métiers pour nourrir ma peinture mais aujourd’hui, c’est mon art qui me nourrit. En réalité, je ne lis pas le succès dans une carrière artistique forcement du fait des ventes uniquement de la peinture. Je dirais à ceux qui sont intéressés de venir, mais qu’ils sachent que quand on s’engage dans un métier, il faut être animé d’une grande et d’une bonne volonté, c’est pour un bon sacerdoce. C’est difficile de dire aux élèves ou aux enfants ce que c’est que l’art exactement, il y a des disciplines classiques comme le dessin, la peinture, sculpture….. Mais de nouveaux genres se sont ajoutés, notamment les installations, les performances, les graffitis…. Aujourd’hui, quand l’art fait place à la spéculation, c’est de la spéculation, c’est une autre dimension qui nous échappe.

ICF : Votre dernier mot à l’endroit de ceux qui vous liront ?

CS : Je remercie Infos Culture du Faso de m’avoir permis de m’exprimer sur mon univers de création, merci de faire la promotion pour les acteurs de la culture pour qu’ils parlent de leurs créations.

Ahoua KIENDREBEOGO (stagiaire)

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